Moov Confidences : Je suis devenu homosexuel pour se révolter contre l'amour et contre mes parents
L’échec d’une relation amoureuse peut transformer toute une vie … Homme, j’ai décidé d’aimer et d’épouser un homme … Je préfère ma vie ainsi, plutôt que de tenter une nouvelle relation avec une femme qui pourrait encore me décevoir. Je n'ai plus rien à faire de tous les jugements "déraisonnables" (ou pas) à mon sujet.
Enfance épanouie
Comme je viens d’une famille aisée, mes parents essayaient de me faire comprendre que je devrais uniquement m’intéresser à des personnes de classe supérieure plus tard. Évidemment, mes camarades de classe étaient tous des enfants gâtés. Malgré cela, j’ai dépassé les bornes. En rentrant de l’école, quand j’avais à peine 10 ans, j’ai pris l’habitude de fréquenter d’autres enfants qui n’étaient pas comme moi. Je donnais aux pauvres la moitié de mon sandwich ou de mon paquet de biscuits. Je passais quelques minutes par jour à apprendre leurs jeux. Et mes parents me grondaient souvent à cause de l’état de mes vêtements le soir. Heureusement, le major d’homme qui m’accompagnait était mon complice. Il me soutenait de toutes ses forces. A la fin du mois, je ramassais tous les habits et jouets dont je n’avais plus besoin pour les offrir à mes amis pauvres. Malgré les questionnements de mes proches, personne ne savait exactement ce que j’en ai fait des objets disparus à la maison.
Voilà mon premier « défaut » : la compassion. Alors qu’on m’enfermait dans une petite cage en or, je commençais depuis longtemps à trouver une échappatoire. J’avais le sens du partage. Je ne pouvais pas m’empêcher d’aider les autres qui sont dans le besoin, même si je n’étais autre qu’un enfant gâté.
Adolescence émouvante
À mon adolescence, j'ai remarqué un second "défaut" : l'empathie. J'ai passé plus de temps avec des personnes qui n'avaient pas la même catégorie sociale que nous. Je m'amusais à traîner avec des adolescents qui n'avaient pas de quoi manger. Je ne mangeais plus mes collations car je les offrais à mes prochains. J'avais la première grosse dispute avec mes parents quand ils ont découvert mon petit secret. Ils m'ont rappelé à l'ordre : de ne jamais fréquenter des gens "pauvres".
J'ai pris un pas en arrière sur la relation avec mes parents. Au fond de moi, je savais que nous sommes tellement différents sur de nombreux concepts. À l'époque, j'avais en tête de continuer mes petites actions caritatives, même si mes parents étaient contre. J'ai passé une belle partie de mon adolescence à se chamailler avec mes parents. Ils voulaient limiter mon trajet, ma fréquentation et toute ma vie. Déjà, à l'âge de 15 ans, j'étais déjà rebelle : il fallait que je trouve mon propre chemin. J'étais prêt à défier mes parents, même juste pour les énerver.
A cet âge, je commençais déjà à regarder des films pornographiques. Le plus étonnant ? J'appréciais plus les films qui mettent en avant les rapports sexuels entre deux personnes du même sexe. Mais je ne prenais pas encore cela pour un signe de l'homosexualité qui sommeille en moi. Mon troisième défaut : l'inversion sexuelle.
Jeunesse compliquée
J'étais amoureux pour la première fois au lycée, quand j'étais en terminale. Une jeune fille m'attirait beaucoup, même si elle venait de la classe moyenne. Son sourire m'a fait effondré à chaque fois qu'elle discute avec ses camarades. Malheureusement, je n'ai jamais osé dévoiler mes sentiments. Alors que je fréquentais une grande université, les belles filles l'entourent au quotidien. J'ai remarqué un grand changement : je m'intéressais plus aux jeunes hommes. Avant et après chaque match de foot, j'appréciais de voir mes amis dans les vestiaires. Mais encore une énième fois, je refusais carrément d'admettre que j'étais gai. En même temps, juste pour impressionner mes collègues, je faisais de mon mieux pour draguer les jolies filles. J'avoue toutefois que des homosexuels me rapprochaient beaucoup. Il y avait même un jeune professeur qui m'attirait réellement. Mais comme je ne voulais pas de problèmes, j'ai préféré dissimuler mes désirs pour une personne de même sexe que moi.
En trois années d'étude à l'université, soit à partir de la troisième année, j'étais en couple avec une fille charmante et aimable. Puis, à l'obtention de notre diplôme, nous avions eu le projet de nous marier. Quelques jours avant la cérémonie, j'ai pris en flagrant délit ma fiancée en train de flirter avec un autre gars. Depuis ce jour, j'ai décidé de ne plus m'approcher d'une femme. Franchement, on a passé des moments incroyables, en préparant notre avenir ensemble. Et dire que je tenais vraiment à la relation pour honorer mes parents ...
Après notre rupture, le soleil brillant est devenu noir pour moi. J'ai passé un week-end en larmes. Mais le lundi, j'ai décidé de rejoindre le travail pour essayer d'oublier vite. J'ai déjà perdu ma bien-aimée qu'il ne fallait pas perdre mon travail. Ma déception amoureuse m'a obligé à travailler dur. Je me suis tellement concentré sur des projets intéressants que j'ai obtenu deux promotions en une seule année. Côté amour, les femmes ne m'attirent plus. Je n'étais ni un lâche, ni un profiteur, ni un handicapé, mais la femme de ma vie a tout de même pris la peine de me tromper. Trois ans après ma rupture, mes parents ont voulu me présenter une autre "femme parfaite". Ils ont souligné que mon âge avançait et que je ne leur donnais pas une bonne image en restant un vieux célibataire. Cela m'a tellement choqué car en aucun cas, je ne permettrais à autrui de prendre une décision importante à ma place. J'ai quitté la maison pour vivre ailleurs. Je n'étais pas le fils exemplaire qu'ils attendaient. Je ne voulais pas me caser avec quelqu'un que je ne connais même pas juste pour plaire à mes parents et à la société. À quoi de bon d'être marié si on n'est pas amoureux ? Pour amuser les gens lors d'un mariage arrangé ? Je pensais que c'était non seulement une perte d'argent mais surtout une torture. Mes parents ont déjà choisi mon style vestimentaire, ma filière à l'université, ma croyance, et tout et rien ... Et je devais encore leur laisser me dicter ma vie amoureuse ? Oh que non !
Quelque temps après, je me suis mis en couple avec un gars. La tendance homosexuelle que j'ai essayé de dissimuler depuis longtemps a finalement pris la relève. Je suis accompagné d'un homme merveilleux et compréhensif, depuis plus d'une dizaine d'années. Mon compagnon m'a aidé à me reconstruire, et surtout à mettre en avant ma personnalité. Je travaille pour une association qui prend en charge des enfants défavorisés, afin de continuer à partager des conseils et des aides financières/ matérielles pour toutes les personnes dans le besoin. Ma décision a été un choc pour ma famille, surtout pour mes parents. Je voulais simplement oublier la pression de mon entourage et vivre ma vie librement.
Décision sans regret
Aucun regret. Pas de marche-arrière. Ces deux phrases résument ma vie. Elles sont en quelque sorte mes leitmotivs. Certes, je n’avais pas aussi de chance en amour, comme mon frère et ma sœur. Mais ma vie actuelle me satisfait. Je n’ai plus à m’inquiéter que les traumatismes du passé réapparaissent.
Évidemment, plus de 80% de mes proches et de mes connaissances ne soutiennent pas mon style de vie. Mais je pense que la décision sur ma propre vie n’appartient qu’à moi-même. Heureusement, en habitant à l’étranger, l’homosexualité n’est pas un tabou. Quand je rentre dans le pays, je sélectionne bien les endroits et les personnes à fréquenter pour nos sorties en couple. Toutefois, je reste un vrai homme, capable de communiquer avec tout le monde, même si beaucoup ne pourraient jamais me comprendre.
En tant qu’humain, notre couple pense parfois à notre avenir. On souhaite devenir pères, surtout avec l’âge qui avance. Mon partenaire me soutient : adopter un enfant fait déjà partie de notre projet de couple. Je pense qu’une aventure intéressante nous attend en tant que parents homosexuels.