Cour des Comptes - Les failles de gestion des carburants menacent la stabilité du réseau de la JIRAMA
Le contrôle de la gestion des carburants utilisés pour la production d’électricité dans le Réseau Interconnecté d’Antananarivo (RIA), effectué par la Cour des Comptes pour la période 2020-2023, montre plusieurs dysfonctionnements graves.
Ces anomalies nuisent à l'efficacité énergétique et à la situation financière de la JIRAMA. Elles mettent en danger la stabilité du réseau et la rentabilité de la société. La JIRAMA fait face à des difficultés récurrentes pour combler le déficit énergétique. Ce déficit est causé par l’incapacité des centrales hydroélectriques et solaires à répondre à la demande croissante. En 2021, 19 467 198 kWh n’ont pas été produits, nécessitant 4 594 259 litres de Fuel Oil (FO) d’une valeur de 15,36 milliards d'Ariary. Cette quantité a augmenté à 27 423 944 kWh en 2022. Ces déficits ont conduit à des délestages économiques fréquents, affectant la population de la capitale.
Irrégularités
La livraison des carburants n’est pas en reste. Des écarts ont été constatés entre les quantités achetées et celles livrées, avec une perte financière s'élevant à plus de 734 millions d’Ariary entre 2021 et juin 2023. Ces irrégularités comprennent notamment la livraison insuffisante de Fuel Oil et de Gasoil. Elles incluent également des pratiques risquées, comme le transport de carburants au-delà de la capacité des camions-citernes. Quant à la gestion des stocks, des anomalies sérieuses ont été relevées, avec des écarts de 22 903 803 litres de Fuel Oil non enregistrés. Cela compromet la fiabilité des informations financières et empêche une gestion optimale des ressources. Enfin, la performance des centrales de production d’énergie reste insuffisante. Les consommations spécifiques de production (CSP) sont plus élevées que les normes. Cela entraîne une surconsommation de carburants pour produire la même quantité d’énergie. Le surplus de carburants consommés représente un coût supplémentaire de 94,3 milliards d'Ariary pour la période analysée, accentuant les pertes de la JIRAMA.