Crise à Madagascar : Les OSC malgaches conditionnent leur participation au dialogue présidentiel
À la suite de l’invitation au dialogue lancée par le président Andry Rajoelina, les Organisations de la Société Civile (OSC) malgaches ont publié une lettre ouverte datée du 4 octobre 2025. Tout en réaffirmant leur disponibilité à participer à un échange constructif, elles posent plusieurs conditions préalables et considèrent que la crise actuelle peut devenir une occasion d’évolution et de renouveau démocratique.
Invitation au dialogue dans un climat tendu
Les OSC malgaches ont accusé réception de l’invitation au dialogue lancée par le président de la République, prévue le samedi 4 octobre 2025 au Palais d’Iavoloha. Dans leur lettre ouverte, elles affirment partager la conviction que la concertation et la participation de toutes les parties prenantes sont essentielles pour sortir de la crise actuelle. Cependant, elles estiment que le contexte politique et social marqué par les tensions, la répression et la méfiance ne permet pas, à ce stade, la tenue d’un dialogue serein.
Pour garantir un cadre propice à un échange sincère, les OSC exigent la cessation immédiate de toute forme de répression liée à l’expression d’opinions citoyennes, ainsi que la libération des personnes arrêtées pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Elles appellent également au respect du droit à la liberté d’expression et à la réouverture d’espaces publics symboliques de la démocratie, tels que le jardin d’Ambohijatovo et la place du 13 Mai à Antananarivo. Les signataires demandent, en outre, la mise en place d’un mécanisme judiciaire indépendant et expéditif chargé d’enquêter sur les violences et les pillages survenus ces dernières semaines, et de sanctionner les responsables de manière transparente. Selon elles, ces mesures constituent des prérequis indispensables avant toute reprise de dialogue.
Une opportunité de réforme
Tout en reconnaissant la gravité de la situation, les OSC affirment que cette crise met en lumière des fragilités profondes du système politique et institutionnel, mais qu’elle peut aussi représenter une opportunité de changement. Elles y voient la possibilité d’un tournant vers une gouvernance plus juste, plus inclusive et plus respectueuse des droits fondamentaux. « Cette crise met en lumière des faiblesses préexistantes, mais elle peut également représenter une véritable opportunité de changement radical et profond, d’évolution et d’amélioration, bénéfique pour la population malagasy », soulignent-elles dans leur déclaration.
La lettre ouverte, rendue publique le 4 octobre 2025, a été adressée au président de la République et communiquée à la communauté internationale ainsi qu’aux organisations de défense des droits humains présentes à Madagascar. Parmi les signataires figurent de nombreux réseaux nationaux et régionaux, dont le Mouvement Rohy, Transparency International-Initiative Madagascar, l’Observatoire National des Droits Humains, l’Alliance Voahary Gasy, la Coalition Nationale de Plaidoyer Environnemental, ainsi qu’un large ensemble d’associations communautaires et de plateformes citoyennes réparties sur tout le territoire. Les OSC réaffirment leur respect pour les institutions de la République et leur engagement en faveur de la paix, de la justice et de l’unité nationale. Elles refusent cependant de cautionner toute démarche politique qui ne tiendrait pas compte des conditions qu’elles ont énoncées. Selon elles, seule une approche fondée sur la transparence, la confiance et le respect mutuel permettra de transformer la crise actuelle en un processus de renouveau démocratique durable.