Migration climatique : Fuir la sécheresse pour devenir gardiens des forêts à Menabe
À Menabe, d’anciens migrants climatiques devenus gardiens de la forêt protègent aujourd’hui la Zone Protégée de Menabe Antimena (APMA). Il s’agit de Tafaramandimby, Soaraza et Limberaza qui sont à Lambokely depuis 2016. Leur motivation repose sur la survie et la reconstruction d’un avenir digne.
De la fuite de la sécheresse à la reconstruction dans le Menabe
À Lambokely, la migration climatique n’est plus seulement un déplacement forcé, mais le début d’une nouvelle mission. Tafaramandimby, 53 ans, a quitté Androy il y a neuf ans, lorsque la sécheresse le condamnait à chercher de la nourriture dans les tamariniers. Arrivé avec sa femme et ses huit enfants, il a découvert une communauté composée de familles ayant vécu les mêmes épreuves climatiques.
Dans cette région où les terres sont plus fertiles, les migrants espèrent rebâtir leur vie loin des famines répétées du Sud. Tafaramandimby cultive désormais un hectare de terre et travaille comme agent de lutte contre les feux de brousse sur la zone protégée de Menabe Antimena (APMA).
Mais cette arrivée massive a aussi exercé une pression accrue sur les forêts. Depuis 2004, près de 7 % de la superficie de l’APMA disparaît chaque année, accélérée en 2018 par des intrusions massives après la rupture d’un barrage.
Quand les migrants deviennent protecteurs de la forêt
Parmi eux, Soaraza, 40 ans, arrivé en 2019. Il se souvient encore des flammes dévorant la forêt, des animaux fuyants, de la fumée couvrant le village. Cherchant d’abord un revenu, il est devenu un ardent défenseur de l’environnement, organisant des réunions communautaires et formant d’autres migrants aux techniques agricoles durables.
Limberaza, 46 ans, arrivé en 2023, n’a jamais connu la forêt dans son état originel. Pour lui, protéger la terre signifie offrir un avenir à sa famille. Leur engagement s’inscrit dans l’initiative de l’OIM visant à renforcer la résilience climatique dans le delta de la Tsiribihina, où migrants et communautés d’accueil restaurent ensemble les écosystèmes.
En protégeant la forêt, ils protègent aussi l’avenir de leurs enfants. La question est désormais de savoir si ce modèle de résilience pourra inspirer d’autres communautés confrontées aux mêmes bouleversements climatiques.



