De la classe à l’assiette : comment les repas scolaires transforment l’éducation à Madagascar
Face à des taux alarmants de malnutrition et à des difficultés économiques persistantes, l'alimentation scolaire s’impose comme une solution clé pour améliorer la santé, l’éducation et la résilience des communautés vulnérables à Madagascar. Dans le sud, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et ses partenaires mettent en œuvre des initiatives qui transforment le quotidien de milliers d’enfants.
Insécurité alimentaire
Dans le sud de Madagascar, les effets dévastateurs de la sécheresse, aggravés depuis 2018, ont plongé des milliers de familles dans l’insécurité alimentaire. À Tsongobory, une banlieue de Toliara I, de nombreuses familles peinent à nourrir leurs enfants, en raison de revenus précaires provenant de petits emplois informels ou de l’agriculture pluviale. Cette situation compromet non seulement la santé des enfants, mais aussi leur accès à l’éducation, car les familles préfèrent souvent les impliquer dans des activités génératrices de revenus plutôt que de les envoyer à l’école.
Pour répondre à cette crise, le PAM, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, a déployé un programme d’alimentation scolaire dans 986 écoles primaires publiques du pays. À Tsongobory, cette initiative, en place depuis 2015, fournit chaque jour des repas équilibrés à base de céréales, légumineuses et huile. En 2022, grâce à un financement d'urgence du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), le programme a été élargi pour couvrir 83 écoles supplémentaires, ciblant plus de 20 700 enfants dans les zones les plus touchées par la sécheresse.
Impact sur l’éducation
Les résultats de ces efforts sont visibles. À l’école primaire de Tsongobory, le nombre d’élèves est passé de 400 en 2016 à 600 en 2023. Parallèlement, le taux de réussite à l’examen du CEPE a bondi de 13 % à 92 % sur la même période. Le PAM rapporte également une augmentation du taux de fréquentation scolaire, qui est passé de 76 % en 2022 à 82 % en 2023, tandis que le taux de rétention des élèves a atteint 98,5 %. Ces progrès témoignent de l'impact direct des repas scolaires sur l'assiduité et l’engagement des élèves.

En 2023, le PAM a lancé le modèle d’alimentation scolaire issue de la production locale (ASPL). Cette initiative encourage les écoles à s’approvisionner en produits frais tels que légumes, fruits et poisson, auprès des agriculteurs locaux. Ce modèle favorise non seulement une meilleure nutrition pour les élèves, mais soutient également l'économie locale en intégrant les petits exploitants agricoles dans la chaîne d’approvisionnement. Les communautés jouent un rôle actif dans ce programme. Les parents, organisés en comités de gestion, participent à la construction des cantines, à la préparation des repas et à la gestion des stocks alimentaires, renforçant ainsi leur appropriation et leur engagement.
Forum mondial sur la nutrition des enfants
En plus de fournir une aide immédiate, l’alimentation scolaire contribue à long terme à renforcer la résilience des communautés. Les agriculteurs impliqués dans le programme reçoivent une formation pour améliorer leur production et accéder à de nouveaux marchés, ce qui leur permet de générer des revenus supplémentaires.
Du 9 au 12 décembre 2024 dernier, la ville d’Osaka, au Japon, a accueilli le 24e Forum mondial sur la nutrition des enfants. Cet événement a rassemblé des gouvernements, des organisations internationales et des acteurs de la société civile pour échanger des solutions innovantes sur les programmes de repas scolaires. Pour Madagascar, cette plateforme a permis au PAM et au ministère de l’Éducation nationale d’identifier des pistes pour améliorer la qualité des repas scolaires, renforcer les capacités institutionnelles locales et développer des approches adaptées aux réalités des régions les plus vulnérables.