Les défis de la médecine traditionnelle à Madagascar : Entre héritage et reconnaissance
À Madagascar, la médecine traditionnelle est bien plus qu'une pratique médicale ; elle incarne un patrimoine ancestral et une source vitale de soins pour près de 80% de la population. Cependant, malgré son enracinement profond dans la culture malgache, elle fait face à une série de défis majeurs entravant sa reconnaissance et son intégration complètes au sein du système de santé national.
Biodiversité végétale unique
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a depuis longtemps préconisé l'usage de la médecine traditionnelle pour renforcer les soins primaires, mais sa pleine intégration demeure un chemin semé d'embûches à Madagascar. Les réformes entreprises par le gouvernement, comme la création de l'Association nationale des tradipraticiens de Madagascar (ANTM) en 1998, témoignent des efforts pour réglementer, certifier et former les guérisseurs traditionnels. Cependant, des pratiques illicites persistantes portent atteinte à l'image des tradipraticiens et à la santé publique, défiant les efforts de régulation. Madagascar abrite une biodiversité végétale unique avec plus de 12 000 espèces, dont 80% sont endémiques, utilisées à des fins médicinales. L'intégration des "remèdes traditionnels améliorés" (RTA) dans les établissements de santé, autorisée depuis 2006, bute sur des questions de qualité, de traçabilité et d'accès équitable aux ressources végétales. Ces défis soulignent la nécessité de concilier les savoirs traditionnels avec les exigences de la médecine moderne.
Aspects culturels et spirituels
Madagascar doit également composer avec des enjeux délicats tels que la préservation des aspects culturels et spirituels liés à la médecine traditionnelle. La coexistence harmonieuse entre la médecine traditionnelle et la biomédecine, tout en respectant les droits des communautés locales et en garantissant des soins de qualité pour tous, reste un défi complexe. L'OMS souligne la richesse médicinale de la médecine traditionnelle, citant l'exemple de la pervenche de Madagascar à l'origine de médicaments anticancéreux. Cependant, le potentiel médical de ces connaissances ancestrales se confronte à la nécessité de préserver ces ressources tout en assurant un accès équitable et un partage équitable des bénéfices avec les communautés locales. Les défis multiples auxquels fait face la médecine traditionnelle à Madagascar appellent à une approche inclusive et concertée. La reconnaissance officielle de ces pratiques, leur intégration graduelle et respectueuse au sein du système de santé, tout en préservant leur essence culturelle, sont des impératifs pour garantir une offre de soins diversifiée et adaptée aux besoins de la population malgache.