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Roumanie: le fleuron du programme d'aviation de Ceausescu mis aux enchères

27/05/2021 21:06 © Moov

Roumanie: le fleuron du programme d'aviation de Ceausescu mis aux enchères

L'avion du dictateur roumain déchu Nicolae Ceausescu, qui symbolisait son indépendance face à l'Union soviétique, est proposé aux enchères jeudi, après avoir accompagné l'histoire mouvementée de la Roumanie durant des décennies.

Environ 150 collectionneurs se disputeront dans la soirée, par téléphone ou en ligne, ce vestige mis à prix 25.000 euros, selon Alina Panico, la porte-parole de la maison de ventes Artmark, basée dans la capitale.

Estampillé "République socialiste de Roumanie", le moyen courrier "Rombac Super One-Eleven" était sorti en 1986 d'une usine de Bucarest, cinquième d'un total de neuf conçus sous licence de la British Aircraft Corporation (BAC).

La Roumanie devenait ainsi le premier pays d'Europe de l'Est à fabriquer des avions à réaction, hors URSS. De quoi "couronner l'indépendance industrielle" voulue par Ceausescu face au pouvoir soviétique, rappelle Artmark.

"Pour les Roumains, ce fut une fierté de construire ce type d'appareil à la pointe de la technologie", se souvient auprès de l'AFP Gheorghe Marica, un ancien pilote de l'armée qui a pu tester le Rombac à l'occasion d'un vol de rodage.

Afin de répondre aux exigences de Ceausescu, la cabine devait être aménagée pour comporter une chambre à coucher et un bureau, pour que le dictateur et son épouse Elena puissent jouer au backgammon, leur passe-temps favori, a confié sous couvert d'anonymat un ancien pilote qui avait volé avec le couple.

Mais celui qui gouvernait la Roumanie d'une poigne de fer depuis 1965 fut renversé lors d'un soulèvement anticommuniste et exécuté par balles le 25 décembre 1989, aux côtés d'Elena.

# Calèche dorée

L'insolite histoire de cet avion remonte à 1978: à l'occasion d'un séjour à Londres, grande première pour un dirigeant communiste, Ceausescu signe un contrat d'un montant de 300 millions de livres avalisant la construction à Bucarest du modèle Rombac.

Perçu à l'époque comme une personnalité à part au sein du bloc soviétique, il avait été reçu avec les honneurs: il avait notamment eu droit à une promenade en calèche dorée au palais de Buckingham aux côtés de la reine Elizabeth et à un banquet d'Etat.

Pour la BAC, qui avait de plus en plus de mal à vendre ses avions performants mais jugés trop bruyants, ce pacte avait été une aubaine, raconte l'ancien pilote.

Les Britanniques souhaitaient par ailleurs "briser la glace avec les pays communistes grâce à quelqu'un ayant pris ses distances de Moscou", notamment lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par les troupes du Pacte de Varsovie, estime M. Marica.

Parmi les neuf exemplaires du Rombac fabriqués en Roumanie, certains ont volé sous les couleurs d'une petite compagnie, LAR, créée dans les années 1970 par le régime communiste avec pour unique destination Tel Aviv.

Seul pays du bloc soviétique à avoir maintenu des liens diplomatiques avec Israël après la guerre des Six jours de 1967, la Roumanie était aussi la seule à opérer des vols vers cette destination.

# Croupir au garage

Bucarest s'était engagé à fabriquer 80 appareils au total, mais la chute de Ceausescu en 1989 sonnera rapidement le glas de l'ambitieux projet.  

L'avion présidentiel aux motifs bleus est alors repris par la compagnie d'Etat Romavia, qui le louera à la société pakistanaise Aero Asia, avant de le laisser croupir au garage. Elle fera faillite en 2014 et ce sont ses biens qui sont désormais vendus. 

D'autres seront loués à la compagnie à bas coûts Ryanair, avant d'être démembrés ou abandonnés sur des aéroports aux quatre coins du monde.

Pour empêcher que le fameux avion ne finisse à la ferraille, une poignée d'enthousiastes ont obtenu en mars que l'aéronef soit inscrit par les autorités au "patrimoine national".

"Il ne peut être ni démembré, ni modifié, et ne peut surtout pas quitter le territoire roumain", explique Adrian Ciutan, ancien technicien Rombac à l'origine de cette campagne.

Mais on peut le transformer en musée et il peut toujours voler, à condition que le nouveau propriétaire consente à un investissement important pour remplacer la motorisation, dit-il.

Toutefois, même si Artmark affirme que Ceausescu a volé à bord de l'engin, plusieurs aviateurs interrogés par l'AFP assurent qu'il lui préférait... le Boeing 707.

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