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HighTech

La police indienne perquisitionne les domiciles de journalistes et de militants, deux arrestations

04/10/2023 15:44 © Afp

Les autorités indiennes ont perquisitionné les domiciles de 46 journalistes et militants tôt mardi, et procédé à deux arrestations, suscitant de vives inquiétudes dans ce pays qui a dégringolé dans les classements évaluant l'état de la liberté d'expression et de la presse.

Les journalistes perquisitionnés sont notamment des collaborateurs du site d'information en langue anglaise NewsClick. Les autorités indiennes ont déposé une plainte en 2021 alléguant que le média recevait des fonds de l'étranger.

En août, le New York Times avait rapporté que NewsClick était financé par le millionnaire américain Neville Roy Singham qui "émaillait sa couverture de points de vue du gouvernement chinois", affirmation que l'intéressé a démentie.

La police a indiqué avoir interrogé 37 hommes et neuf femmes, et avoir saisi du matériel informatique et des documents. Deux journalistes, Prabir Purkayastha et Amit Chakravarty, "ont été arrêtés", tandis que "les procédures sont toujours en cours", a précisé la police.

Prakir Purkayastha est le rédacteur en chef de NewsClick, dont Amit Chakravarty dirige le service des ressources humaines.

L'opération, a ajouté la police, a été menée en vertu de l'Unlawful Activities Prevention Act (UAPA), une loi antiterroriste très stricte qui rend pratiquement impossible l'obtention d'une libération sous caution.

Aritry Das, une journaliste de NewsClick, a raconté que la police avait fait irruption à son domicile vers 6 heures du matin, et l'avait interrogée sur ses reportages.

"La police de Delhi a débarqué chez moi. Ils ont pris mon ordinateur portable, mon téléphone, mes disques durs", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).

"Intimidation et répression"

Les perquisitions, dans la capitale New Delhi et à Bombay, ont aussi visé les domiciles des journalistes Aunindyo Chakravarty, Bhasha Singh et Paranjoy Guha Thakurta, de l'humoriste Sanjay Rajoura et du militant Teesta Setalvad, selon la presse locale.

L'historien et militant Sohail Hashmi, aussi perquisitionné mardi, a dû remettre aux autorités son ordinateur portable, son téléphone et des disques durs contenant plus d'une décennie de ses écrits.

"D'après le mandat qu'ils m'ont montré à contrecœur, la descente à mon domicile était liée à une enquête sur NewsClick", a déclaré à l'AFP M. Hashmi, estimant qu'il s'agissait d'une "combinaison d'intimidation et de répression de la liberté de la presse et de la liberté d'expression".

Un autre journaliste, Abhisar Sharma, a affirmé sur les réseaux sociaux mardi soir avoir subi "une journée d'interrogatoire" policier. "Je continuerai à questionner les gens au pouvoir et particulièrement ceux qui ont peur des simples questions", a-t-il écrit.

Interrogé sur l'opération par des journalistes, le ministre indien de l'Information et la Radiodiffusion, a déclaré "je n'ai pas besoin de me justifier".

"Si quelqu'un a commis des actes répréhensibles, les agences sont libres de mener des enquêtes", a-t-il poursuivi, cité par la chaîne NDTV.

"Campagne de harcèlement"

Dans un communiqué, le Club de la presse de Bombay a exprimé sa "profonde inquiétude".

Le Club a demandé à la police de cesser "ce qui est perçu comme une campagne de harcèlement ciblée contre ces journalistes".

L'organisation des professionnelles des médias, Network of Women in Media, a jugé "choquantes" ces perquisitions ciblant "d'éminentes voix dissidentes".

A l'arrivée du gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi en 2014, l'Inde figurait au 140e rang sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). En 2023, le pays se classe au 161e rang, soit un recul de 21 places en neuf ans, dont 11 depuis l'an dernier.

Les journalistes critiques du gouvernement disent subir un harcèlement accru, y compris sur les réseaux sociaux ### où le parti au pouvoir de M. Modi est très actif.

En examinant scrupuleusement les finances et limitant les financements étrangers des défenseurs des droits, le gouvernement de M. Modi exerce une pression sur leurs activités, affirment-ils.

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