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Décès de Jean-Pierre Elkabbach: une page du journalisme politique se tourne

04/10/2023 15:44 © Afp

Il s'est tu: le vétéran du journalisme politique et ancien président d'Europe 1 Jean-Pierre Elkabbach s'est éteint à 86 ans, suscitant une pluie d'hommages de ses pairs, des politiques et des admirateurs d'un intervieweur tenace qui a marqué son époque.

Canal+ et Europe 1 ont annoncé le décès de leur ancienne vedette mardi soir sur X (ex-Twitter), peu après sa révélation par l'hebdomadaire Paris Match.

Emmanuel Macron a salué mercredi un "monstre sacré du journalisme français", disparu "à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates".

"Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J'en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d'être son invité au micro d'Europe 1 jusqu'à ce qu'il me donne ma chance", a réagi l'ancien président Nicolas Sarkozy.

Son successeur François Hollande a loué une "pugnacité qu'aucun interlocuteur ne pouvait épuiser".

La cheffe du gouvernement Elisabeth Borne s'est souvenue d'une "figure du journalisme français pendant six décennies, roi de l'interview politique et passionné d'information". "Jean-Pierre Elkabbach était un journaliste exigeant, un dirigeant de chaînes passionné",  a réagi la ministre de la Culture Rima Abdul Malak.

"Il avait interrogé tous les chefs d'Etat depuis Valéry Giscard d'Estaing", a rappelé le président du RN Jordan Bardella, quand Marine Le Pen, qu'il n'avait pas épargnée, a souligné que "ses interviews pugnaces, son style incisif et sa liberté de ton resteront dans les mémoires".

"Taisez-vous Elkabbach!"

Comme beaucoup, le leader communiste Fabien Roussel s'est, lui, remémoré ses "échanges mythiques avec Georges Marchais",  allusion à une interview avec le secrétaire général du PCF en 1980 sur la chaîne Antenne 2. La célèbre formule "Taisez-vous Elkabbach!" n'a toutefois jamais été prononcée par Marchais mais imaginée par l'humoriste Thierry Le Luron, caricaturant le débat.

"Ils s'appréciaient beaucoup. C'étaient peut-être les deux meilleurs ennemis. Il y avait beaucoup de respect entre eux", a commenté sur BFMTV Olivier Marchais, plus de 25 ans après la mort de son père.

Professionnel infatigable, qui a analysé et commenté plus de 60 ans de vie politique, Jean-Pierre Elkabbach a aussi été patron de radio et de télévision.

Il a "lancé, encouragé et formé une génération entière de journalistes qui informent aujourd'hui les Français", a rappelé France Télévisions dans un communiqué. Dont Léa Salamé, à qui il a été "le premier à donner (sa) chance".

"C'était le meilleur intervieweur qu'on ait eu", a commenté sur BFMTV Alain Duhamel, son ancien partenaire dans "Cartes sur table" sur Antenne 2, louant son "incroyable acharnement" et sa "méticulosité".

"On est nombreux à avoir pris ses attaques d'interview en référence", a relevé Laurence Ferrari sur CNews. Le journaliste avait en effet pour habitude de déstabiliser son invité dès la première question.

"Vous n'avez pas honte ?"

"Bonjour Marine Le Pen. Vous n'avez pas honte ?", avait-il ainsi lancé à celle qui était alors présidente du Front national (devenu RN), sur Europe 1, lui reprochant la distance prise avec les mouvements de soutien à Charlie Hebdo, après les attentats du 7 janvier 2015.

"Jean-Pierre Elkabbach laissera une trace inoubliable dans l'histoire des médias français", a conclu le régulateur des médias, l'Arcom, dans un communiqué.

Parfois brocardé pour ses amitiés politiques supposées (de Valéry Giscard d'Estaing à Nicolas Sarkozy ou François Hollande), sa longévité à l'antenne avait fini par lasser une partie du public et conduit à son éviction d'Europe 1 en 2017.

Il était alors entré chez CNews, devenant conseiller de Vincent Bolloré, qui contrôlait la chaîne d'info "qu'il a contribué à créer", comme l'a rappelé le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret.

Né en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a commencé sa carrière comme correspondant de la RTF à Oran, sa ville natale en Algérie, avant d'être nommé à Paris en 1961.

Après des années sur le petit écran, il était entré à Europe 1 au début des années 80, pour y faire de très nombreux aller-retours.

Il y était revenu notamment en 1996, éclaboussé par un scandale sur l'attribution de contrats juteux aux animateurs-producteurs stars de France 2, alors qu'il était patron de France Telévisions.

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