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Erythrée : son père est détenu au secret depuis 23 ans, elle en appelle à la communauté internationale

21/02/2025 13:22 © Afp

Son père journaliste est détenu en secret en Érythrée depuis 23 ans et pour Betlehem Isaak il est grand temps que la communauté internationale "se réveille" sur les violations des droits humains dans le pays.

"Nous avons besoin que la communauté internationale se réveille," a exhorté l'écrivaine qui vit réfugiée en Suède, lors d'un entretien avec l'AFP à Genève, en marge du Sommet annuel pour les droits de l'homme et la démocratie.

Pour la jeune femme de 31 ans, son père Dawit Isaak est "un symbole" de la brutalité en Érythrée, un pays dirigé d'une main de fer par Isaias Afwerki depuis plus de trois décennies.

Dawit Isaak n'a jamais été inculpé et a été détenu au secret presque tout le temps depuis son arrestation en septembre 2001.

"Tout cela pour le simple crime d'être journaliste", insiste sa fille.

Comme deux douzaines d'autres personnes, y compris des ministres, des parlementaires et des collègues journalistes, Dawit Isaak a été victime d'une purge de critiques du président Afwerki.

Amnesty International considère M. Isaak comme un prisonnier d'opinion, et le groupe de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières affirme qu'il figure, avec ses collègues détenus, parmi les journalistes les plus longtemps emprisonnés au monde.

"Torturé"

Le journaliste, aujourd'hui âgé de 60 ans,  a fui pour la Suède en 1987 mais est retourné dans son pays en 2001 et il y a cofondé Setit, le premier journal indépendant du pays, qui a couvert un groupe de critiques du président qui réclamaient des élections.

Sa fille se souvient du jour où des hommes sont venus dans sa maison familiale en Érythrée pour arrêter son père, alors qu'elle avait sept ans.

"Ils ont pris le petit-déjeuner avec nous, puis ils ont dit : 'Nous devons partir.' Ils l'ont menotté, et ils sont partis," se souvient-elle.

Ensuite, "quand notre mère a cherché à le retrouver, ils lui ont dit... 'Il n'existe pas. Vous devez être folle'".

La famille a été autorisée à lui rendre visite quelques fois. La dernière visite dont Mme Betlehem se souvient était à l'hôpital.

"Il avait été torturé," dit-elle. "Je ne comprenais pas vraiment ce qui lui était arrivé, (mais) j'ai vu qu'il ne pouvait pas vraiment marcher, qu'il avait mal aux jambes." Il a dit à sa mère : 'Tu dois partir. Prends les enfants et sortez d'ici'. C'est alors que nous sommes partis."

"Dans l'incertitude"

La famille vit depuis en Suède.

Elle n'a aucun contact avec le père à l'exception d'une brève libération en 2005. Elle n'aura duré qu'un jour.

La sœur cadette de l'écrivaine, Danait, 26 ans, a confié à l'AFP qu'elle n'avait aucun souvenir de son père avant sa première arrestation, alors qu'elle n'avait que trois ans.

Mais elle se souvient de sa voix lors de l'appel qu'il a passé à la maison pendant sa brève libération. "Il a dit : Je suis libre ! Je rentre à la maison", raconte t-elle.

La famille n'a eu aucune nouvelle de lui depuis. "Ils disent qu'il est vivant, mais nous n'avons aucune preuve", lâche Betlehem Isaak, qui souligne que selon une source crédible son père était toujours en vie en septembre 2020.

L'incertitude est la chose la plus difficile, selon elle : "Nous vivons dans l'incertitude. Vous ne savez pas quoi croire".

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