COMMUNALES - La guerre de communication s’intensifie
Des audiences publiques sur les requêtes relatives aux communales se sont tenues au tribunal administratif d’Antananarivo, hier. En parallèle, chaque faction politique multiplie les sorties médiatiques afin de rallier l’opinion publique à sa cause.
Le compte à rebours démarre. Le tribunal administratif d’Antananarivo devrait proclamer les résultats des élections communales et municipales dans les circonscriptions de la province d’Antananarivo, d’ici peu.
Selon la loi sur les ressources des Collectivités territoriales décentralisées et les modalités d’élections, “le tribunal administratif proclame, par jugement, les résultats définitifs [des communales] au plus tard dans un délai de trente jours à partir de la date de la publication des résultats provisoires par la structure nationale indépendante chargée de l’organisation et de la gestion des opérations électorales”.
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié les résultats provisoires pour la province d’Antananarivo, le 20 décembre. En attendant de connaître le verdict du tribunal administratif, une guerre de communication s’est installée depuis le début de l’année entre les différents camps politiques. Elle s’intensifie au fur et à mesure qu’approche la date butoir pour la proclamation des résultats définitifs du scrutin du 11 décembre.
Le but des sorties médiatiques qui s’enchaînent est, d’une part, d’essayer d’influencer le jugement du tribunal administratif. D’autre part, l’objectif est aussi de rallier à leur cause respective l’opinion publique. Les déclarations à la presse sont systématiquement assorties de publications, d’attaques et de contre-attaques sur les réseaux sociaux.
Bien que l’entité judiciaire sise à Anosy ait reçu des recours en contentieux électoraux venant d’autres communes, les municipales dans la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA), concentrent l’essentiel des débats. Les résultats provisoires donnent la candidate Harilala Ramanantsoa, porte-étendard de la coalition “Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina”, vainqueur. Elle devance Tojo Ravalomanana, candidat du parti “Tiako i Madagasikara” (TIM).
La journée d’hier est un exemple édifiant de cette guerre de communication. À Analakely, en milieu de matinée, les députés et les candidats au Conseil municipal de la coalition Irmar, ont convié la presse pour une série de déclarations. Affirmant n’avoir aucun doute de la victoire de leur candidate, les élus et candidats conseillers municipaux Orange affirment que ce résultat découle de la campagne électorale qu’ils ont mené.
“Nous avons demandé aux citoyens et à nos partisans ce qui nous a manqué durant les législatives, ce qu’ils attendent de nous. Nous étions plus à l’écoute. Et nous avons travaillé d’arrache-pied pour combler les failles et rectifier le tir”, affirme le député Naivo Raholdina, élu Irmar dans le 5e arrondissement d’Antananarivo.
Audience
Les élus Orange ajoutent que la performance aux municipales dans la ville des mille est aussi le fruit d’une solidarité retrouvée entre ses figures et ses militants dans la capitale.
En face, les députés du TIM dans la capitale, élus sous la bannière de la coalition d’opposition “Firaisankina”, et leurs candidats conseillers municipaux dans la capitale, ont aussi fait une déclaration à la presse, à Bel’air dans l’après-midi. Dans son quartier général à Bel’Air, l’opposition a mis en doute la fiabilité du scrutin du 11 décembre. Une sortie médiatique assortie d’attaques en règle contre la crédibilité de la Ceni et d’accusations d’influences étatiques dans le déroulement et l’issue des votes.
En parallèle à ces deux déclarations à la presse, une série d’audiences publiques s’est déroulée au tribunal administratif d’Anosy, pour entendre les plaidoyers des avocats de ceux qui ont engagé des recours en contentieux électoraux. L’avocat du candidat Tojo Ravalomanana et celui du candidat Tahina Razafinjoelina ont, notamment, présenté leur plaidoirie devant les juges, hier. Ici encore, les services de communication de chaque candidat ont convié la presse pour y assister.
L’annulation de voix obtenues par la candidate Harilala Ramanantsoa étant parmi les objectifs principaux des requêtes. L’avocat du candidat Tojo Ravalomanana parle aussi de demande de disqualification de sa principale concurrente. L’inscription des électeurs omis après l’obtention d’ordonnances du tribunal a, également, été pilonnée durant l’audience d’hier.
Souvent mise en cause par l’opposition, la Ceni, elle aussi, est montée au front dans cette guerre de communication afin de répliquer à ses détracteurs. Elle a tenu une conférence de presse à cet effet, jeudi, à son siège, à Alarobia. Par ailleurs, les multiples sorties médiatiques de ces derniers jours ont aussi pour objectif de préparer l’opinion à d’éventuelles contestations des résultats des communales pour l’opposition, et aux éventuelles mesures à prendre, si nécessaire, pour les tenants du pouvoir.