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Protection des récifs coralliens : les savoirs des pêcheurs intégrés au Plan d’action national de Madagascar

31/12/2025 15:33 © Moov.Mg

Les connaissances traditionnelles des communautés côtières seront intégrées au Plan d’action national pour la conservation des récifs coralliens, dans le cadre du projet GEF 7. À Ankivonjy, dans le nord-ouest de Madagascar, les observations des pêcheurs locaux servent déjà de référence pour mieux protéger ces écosystèmes fragiles, essentiels à la biodiversité et aux moyens de subsistance.

Ankivonjy, une aire marine protégée stratégique

L’Aire marine protégée (AMP) d’Ankivonjy est située dans le district d’Ambanja, région DIANA. Elle couvre sept Fokontany et concerne près de 3 700 habitants dont les activités reposent principalement sur la pêche, l’agriculture et le tourisme. Le site se distingue par sa richesse paysagère, avec notamment les îles de Nosy Iranja, Ankazoberavina, Nosimborona et la baie des Russes, bordée de mangroves. Ankivonjy se caractérise également par une biodiversité marine remarquable. A noter que Madagascar abrite environ 2 % des récifs coralliens mondiaux, parmi les plus vastes et les plus riches de l’océan Indien occidental, accueillant plus d’un millier d’espèces de poissons récifaux et environ 2 500 espèces d’invertébrés marins.

Sur la Grande Île, la pêche constitue un mode de vie ancien et un pilier économique. Près de 1,5 million de personnes à Madagascar dépendent directement ou indirectement de la pêche et des activités associées. À Ankivonjy, les récifs coralliens jouent un rôle central dans la sécurité alimentaire et la protection du littoral. Le site est notamment un lieu de nidification et d’alimentation pour la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), une espèce en danger critique d’extinction. L’aire marine protégée est reconnue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme un paysage marin protégé de catégorie V.

Une gestion fondée sur la participation locale

La création de l’AMP d’Ankivonjy a débuté en 2010 à la suite d’un processus de consultation communautaire. Cette approche participative se poursuit aujourd’hui afin d’assurer une gestion inclusive et adaptée aux réalités locales. Les communautés sont impliquées dans la surveillance, la sensibilisation et le respect des règles de pêche. En septembre 2025, le projet GEF 7 de sauvetage des récifs coralliens a organisé une visite de terrain à Ankivonjy avec des pêcheurs côtiers. Cette démarche s’inscrit dans un processus continu de concertation visant à intégrer les observations locales dans les politiques de conservation.

Lors des échanges, les pêcheurs ont mis en évidence les liens directs entre le récif et leurs moyens de subsistance. Selon leurs observations, les récifs servent d’habitat et de refuge pour de nombreuses espèces marines, constituent une source de nourriture et protègent les côtes contre la force des vagues. Ils ont également signalé plusieurs pressions, notamment les effets du changement climatique, avec des vents et des vagues plus intenses, l’ensablement partiel de certains récifs et l’utilisation d’engins de pêche inappropriés. Si l’état général des coraux est jugé globalement satisfaisant à Ankivonjy, certaines zones proches de villages montrent des signes de dégradation. À Ankivonjy, des agents de surveillance communautaire assurent le suivi des règles de pêche et la protection de l’aire marine protégée. Ces bénévoles, choisis par les communautés, patrouillent sur le site, préviennent l’utilisation d’engins illégaux, signalent les incidents et contribuent à la collecte de données de base. Leur action vise à renforcer la gestion locale des ressources marines tout en sensibilisant la population à l’importance de la conservation des récifs coralliens.

Un savoir traditionnel précieux

La Wildlife Conservation Society (WCS) Madagascar, facilitateur technique national du projet GEF 7, souligne que les échanges avec les pêcheurs ont permis de recueillir un savoir traditionnel précieux. Ces connaissances, transmises de génération en génération, portent notamment sur l’évolution des récifs, le déplacement des zones de pêche et les changements observés dans les saisons. À l’issue de l’atelier national et de la visite de terrain, les partenaires du projet travailleront à l’intégration de ces contributions locales dans le Plan d’action national pour la conservation des récifs coralliens de Madagascar.

Cependant, la mise en œuvre du projet se heurte à des défis logistiques importants. Madagascar compte près de 5 000 kilomètres de côtes et une zone économique exclusive d’environ 1,2 million de kilomètres carrés. Le faible nombre de routes goudronnées et le coût élevé des transports compliquent les déplacements vers les zones de conservation. Malgré ces contraintes, le projet prévoit l’élaboration et la finalisation du Plan d’action national au cours de l’année à venir, avec l’ambition d’étendre progressivement les efforts de conservation à d’autres régions du pays. En parallèle, la WCS renforce sa collaboration avec le Réseau des récifs coralliens de Madagascar. Ce réseau a défini de nouvelles priorités, dont la production d’un rapport national actualisé sur l’état du blanchissement des coraux. Les agences publiques, les instituts de recherche et les organisations de conservation sont associés à cette démarche. À travers la combinaison des connaissances traditionnelles et scientifiques, le projet GEF 7 vise à renforcer durablement la protection des récifs coralliens, considérés comme un patrimoine naturel essentiel et un pilier de la vie côtière à Madagascar.

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