80 ans de l'insurrection de 1947 : la pièce "Rano, Rano" cherche des financements
À l’approche du 80ᵉ anniversaire de l’insurrection de 1947, prévu en 2027, la transmission de la mémoire apparaît plus que jamais essentielle. Les artistes Jean Luc Raharimanana, Tao Ravao et Pierrot Men relancent la pièce « Rano, Rano » avec la Compagnie SoaZara, et lancent un appel au soutien du public pour mener à bien une série d’actions culturelles et mémorielles.
« Rano, Rano » une œuvre fondée sur les témoignages des survivants
À l’approche du 80ᵉ anniversaire de l’insurrection de 1947, prévu en 2027, les artistes Jean Luc Raharimanana, Tao Ravao et Pierrot Men, accompagnés de la Compagnie SoaZara, lancent une nouvelle dynamique de transmission de la mémoire. Ils prévoient de reprendre la pièce « Rano, Rano » le 23 janvier 2026 à l’Astronef, à Marseille France. Pour concrétiser ce projet et préparer une tournée en 2027, un soutien du public est nécessaire. Une cagnotte a été ouverte sur la plateforme Leetchi, avec un objectif de 3 000 euros.
« Rano, Rano » donne la parole aux derniers témoins de l’insurrection de 1947. La pièce met en lumière leurs récits marqués par la violence de la répression, l’humiliation vécue, la résistance et les questionnements sur la notion de pardon. Elle contribue à préserver une mémoire longtemps restée silencieuse et à rappeler l’importance de cet épisode fondateur dans l’histoire de Madagascar.
Le projet repose sur la collaboration de trois figures culturelles majeures. Jean Luc Raharimanana recueille et retranscrit les paroles des survivants dans un dialogue constant entre l’écrit et l’oralité. Tao Ravao revisite les mélodies associées aux récits pour en restituer l’atmosphère et la profondeur. Pierrot Men, quant à lui, documente par la photographie les visages et les instants qui témoignent de cette histoire. Leur travail s’inscrit dans une démarche de longue haleine dédiée à la conservation et à la transmission de la mémoire collective.
L’insurrection du 29 mars 1947, un épisode marquant
L’insurrection du 29 mars 1947 constitue l’un des épisodes les plus violents du XXᵉ siècle à Madagascar. Parmi les événements emblématiques figure la tuerie des wagons de Moramanga. Le 5 mai 1947, 166 otages sont enfermés dans des wagons utilisés pour le transport de bétail et transférés à Moramanga. Dans la nuit, les militaires reçoivent l’ordre de tirer sur les prisonniers. Seuls 71 survivants sont retrouvés, avant d’être interrogés puis exécutés quelques jours plus tard. D’autres formes de répression, telles que l’incendie de villages ou les exécutions de civils transportés en mer, ont également marqué cette période. Certains témoins rapportent que, deux ans après les événements, des corps étaient encore visibles à l’air libre.
Afin de relancer la pièce et de préparer la tournée de 2027, les trois artistes et la Compagnie SoaZara appellent à la solidarité. La collecte en ligne vise à réunir les fonds nécessaires pour assurer la production, les déplacements et la poursuite du travail de mémoire. Ainsi, la transmission de l’histoire de 1947 dépend aussi de la participation citoyenne et de l’engagement du public, à Madagascar comme au sein de la diaspora.



