Litterature - Le Journal d’Anne Frank enfin accessible en malgache
Une œuvre emblématique de la mémoire de l’Holocauste, traduite en plus de 70 langues, n’avait jamais été disponible en malgache… jusqu’à aujourd’hui. Grâce au travail de Michèle Rakotoson et de son équipe, le récit poignant d’Anne Frank rejoint désormais les lecteurs malgaches, ouvrant une fenêtre sur l’histoire et la réflexion universelle sur l’injustice.
Une traduction historique pour Madagascar
Lors d’une visite à la Maison Anne Frank à Amsterdam, Zouzar Bouka a pris conscience d’un vide culturel : le célèbre journal d’Anne Frank, traduit dans le monde entier, restait inaccessible aux lecteurs malgaches. Quelques années plus tard, ce vide a été comblé grâce à la collaboration de Michèle Rakotoson et de son équipe. Pour eux, traduire ce témoignage n’était pas seulement une question linguistique, mais un moyen d’offrir aux jeunes Malgaches un miroir sur l’histoire et les atrocités du passé, tout en leur donnant les outils pour réfléchir sur l’injustice et la violence. Cette traduction s’inscrit dans une longue tradition malgache : Rabearivelo, Dox, Esther Randriamamonjy et d’autres ont déjà ouvert des passerelles entre la littérature mondiale et la langue malgache. Le Journal d’Anne Frank rejoint cette lignée, offrant aux lecteurs un récit qui évoque à la fois la persécution des Juifs et les difficultés des jeunes à Madagascar, confrontés à des conditions de vie difficiles et à des limites imposées à leur liberté.
Défis et enjeux de la traduction
Traduire Anne Frank en malgache n’a pas été une tâche simple. La culture malgache valorise l’action collective plutôt que le « je » individuel, ce qui a nécessité une adaptation fine pour rester fidèle à l’esprit de l’adolescente qui tient le journal. La franchise d’Anne Frank a obligé les traducteurs à contourner certaines formulations, tout en préservant l’émotion et l’authenticité du texte. À cela s’ajoutaient des contraintes pratiques : le choix des formats, la commercialisation dans un pays où le livre reste difficilement accessible, et la diffusion numérique pour toucher le plus grand nombre. Après deux ans de travail quotidien intense, la traduction a vu le jour, symbolisant non seulement un acte culturel, mais aussi un pont vers l’éducation et la mémoire universelle. Pour Madagascar, cette réalisation est un pas de plus vers l’ouverture au monde et l’affirmation de la richesse de sa langue face aux défis de la mondialisation. La voix d’Anne Frank peut désormais résonner dans la langue malgache, rappelant à chacun l’importance de la mémoire et de la justice.



