La star du hip-hop P. Diddy condamnée à plus de 4 ans de prison
Le magnat américain du hip-hop P. Diddy a été condamné vendredi à 4 ans et deux mois de prison, ainsi qu'à une amende de 500.000 de dollars, au terme d'une affaire de violences sexuelles qui a entraîné la chute de cette figure de la musique des dernières décennies.
Après deux mois de débats dans un procès hypermédiatisé à New York, les jurés avaient rejeté en juillet les accusations les plus graves de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs portées contre Sean Combs, de son vrai nom, lui épargnant l'emprisonnement à perpétuité.
Mais l'ancien rappeur et homme d'affaires, âgé de 55 ans, risquait encore très gros : les faits de transport de personnes à des fins de prostitution, pour lesquels il a été déclaré coupable, étaient passibles de 20 ans d'emprisonnement au total.
A l'audience vendredi, le producteur et homme d'affaires a de nouveau demandé pardon pour ses actes. Jeudi, dans une lettre au tribunal, il s'était dit "brisé" par ses actes, après s'être "perdu dans la drogue et l'excès".
Le fond de l'affaire portait sur le fait d'avoir forcé plusieurs femmes ### dont la chanteuse Cassie et une compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" ### à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant que lui se masturbait ou filmait. Il lui était aussi reproché d'avoir mis en place un réseau criminel pour organiser ces activités nommées "freak-offs" ou "hotel nights".
Le parquet avait réclamé au moins 11 ans de prison contre lui, insistant sur la "gravité" des faits, mais aussi l'absence de "repentir" de P. Diddy, les "traumatismes" subis par les victimes et la "menace" qu'elles disent ressentir de sa part.
De son côté, la défense avait demandé que sa peine n'excède pas 14 mois, mettant en avant son bon comportement depuis son emprisonnement et son image "détruite".
Crainte de "représailles"
"Je fais toujours des cauchemars, j'ai des flashbacks quotidiens, et je continue à avoir besoin de soins psychologiques", a écrit Cassie dans un courrier, affirmant qu'elle et sa famille avaient quitté la région de New York par crainte de "représailles" si P. Diddy était "libéré".
L'ex-homme fort du hip-hop, apparu particulièrement vieilli à l'audience, les cheveux et la barbe blanche, a connu une triple carrière de producteur, rappeur et homme d'affaires. Il avait signé la légende du rap The Notorious B.I.G dans les années 90, avant de connaître lui-même le succès sous le nom de Puff Daddy, puis de s'associer à des marques d'alcool.
Grâce présidentielle?
En 2023, Cassie avait porté plainte contre lui au civil pour un viol et l'avait accusé d'avoir eu un "comportement violent" et "déviant" durant une décennie. Si l'affaire s'est réglée en 24 heures, "à l'amiable", selon un accord confidentiel, elle a donné lieu à d'autres plaintes, ayant mené à ce procès pénal.
Durant les débats, la chanteuse, enceinte, et "Jane" ont raconté qu'elles étaient soumises à des menaces liées à leur réputation, leur situation financière et leur intégrité physique.
Les jurés ont visionné des enregistrements des marathons sexuels en question, ainsi que les images de caméras de surveillance d'un hôtel de Los Angeles montrant P. Diddy traînant au sol Cassie et la rouant de coups.
Très offensifs lors de leurs contre-interrogatoires, tentant de discréditer les témoins à charge, les avocats de la défense n'ont pas nié les faits.
Ils ont, en revanche, assuré que les "freak-offs" étaient consentis et que leur client avait un style de vie "polyamoureux" qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
La défense n'a pas caché, par ailleurs, chercher à obtenir une grâce présidentielle de la part de Donald Trump.
Une demande qui a peu de chances d'aboutir, le président ayant rejeté l'idée lors d'une interview début août, parlant de quelqu'un de "très malveillant".