AGOA : solidarité des pays bénéficiaires à Washington, pour la continuité du programme
À quelques semaines de l’expiration de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), prévue le 30 septembre 2025, plusieurs pays africains, dont Madagascar, intensifient leurs efforts diplomatiques pour obtenir la réautorisation de ce dispositif commercial.
Défendre ensemble la pérennité de l’AGOA
Depuis le 6 septembre, une délégation malgache est en mission à Washington pour défendre la continuité de l’AGOA. Conduite par le ministre de l’Industrialisation et du Commerce, David Ralambofiringa, elle compte également le ministre des Mines, Olivier Rakotomalala, ainsi que le directeur général des Douanes, Ernest Lankaina Zafivanona. Des représentants d’entreprises malgaches du textile et de la vanille, notamment GEFP, MAZAVA, GAMA et GEVM, accompagnent la délégation. Leur mission, qui se poursuit jusqu’au 13 septembre, vise à convaincre les décideurs américains de l’importance stratégique de ce cadre commercial.
En amont des discussions bilatérales, l’Ambassade de Madagascar aux États-Unis a accueilli une réunion de coordination regroupant plusieurs pays bénéficiaires de l’AGOA, dont le Lesotho, le Kenya, la Tanzanie et l’Île Maurice. Des représentants du secteur privé kényan y ont également pris part. La rencontre, présidée par l’ambassadeur, Solo Andry Lantosoa Rakotomalala, a permis aux participants d’élaborer un message unifié destiné aux autorités américaines. Cette démarche collective illustre la volonté des pays africains de défendre ensemble la pérennité de l’AGOA.
Préserver la croissance et la stabilité économique
L’AGOA, instaurée en 2000 sous la présidence de Bill Clinton, permet à 33 pays africains éligibles d’exporter vers les États-Unis sans droits de douane sur une large gamme de produits. Ce régime préférentiel a soutenu le développement de secteurs stratégiques tels que le textile, l’agro-industrie et, dans certains cas, l’exploitation minière. Pour Madagascar, l’expiration du programme signifierait une perte de compétitivité sur le marché américain et un frein à la croissance de ses exportations. Selon une analyse du Center for Strategic and International Studies (CSIS), basé à Washington, une non-prolongation de l’AGOA constituerait un revers pour la diplomatie commerciale américaine en Afrique. Plusieurs pays africains éligibles, dont Madagascar, la République démocratique du Congo, la Tanzanie et l’Afrique du Sud, disposent d’importantes ressources en minerais critiques. Or, les États-Unis cherchent à renforcer leur coopération avec le continent, notamment dans ce domaine. La fin de l’AGOA enverrait, selon le CSIS, un signal négatif sur l’avenir des relations économiques entre Washington et l’Afrique.
À l’approche du 30 septembre, les pays bénéficiaires multiplient les démarches pour maintenir un accord qui structure depuis 25 ans une part importante de leurs relations commerciales avec les États-Unis. Pour Madagascar et ses partenaires, l’enjeu dépasse la simple question des échanges : il s’agit de préserver un levier de croissance et de stabilité économique face à un contexte international marqué par de plus en plus de rivalités dans le domaine des ressources stratégiques.