Culture traditionnelle - Tsihombe fait revivre le Beko et défend ses tortues sacrées
Dans le Sud de Madagascar, le festival Rebeke renaît après dix ans de silence. Du 28 au 30 août, chants traditionnels et engagement pour la nature seront au cœur de trois jours placés sous le signe de la mémoire et de la transmission.
Une culture debout malgré l’oubli
Rebeke, le festival du Beko, revient à Tsihombe après une longue pause. Ce retour n’a rien d’anodin : dans cette région isolée de l’Androy, marquée par les sécheresses, l’exode et la pauvreté, faire vivre une tradition comme le Beko, c’est affirmer une présence, une voix. Le Beko, c’est le chant du Sud. Un chant à plusieurs voix, transmis de génération en génération, qui raconte la vie, le deuil, la fierté. Pendant trois jours, les artistes Tandroy seront au centre de la scène. Le comité d’organisation, mené par le collectif Voronkodohodo, sillonne déjà les villages pour rencontrer les sairy — ces chanteurs porteurs de mémoire.
La tortue comme symbole de respect
Mais Rebeke ne parle pas que d’art. Le thème de cette 9e édition : la protection des tortues, espèce endémique de Madagascar, aujourd’hui en danger. Ce n’est pas un hasard. Chez les Tandroy, la tortue est un animal sacré. La consommer est un fady, un interdit culturel encore respecté dans de nombreux foyers. Soutenu par l’ONG Turtle Survival Alliance (TSA), le festival veut rappeler cette relation ancienne entre les humains et la nature. « Nos coutumes protègent les tortues bien avant que les lois le fassent », explique Tsimihole Tovondrafale, un des organisateurs. Rebeke ne cherche pas à faire spectacle. Il veut rassembler autour de ce que le Sud possède de plus précieux : sa parole, sa musique et son rapport au vivant. Un festival enraciné, porté par ceux qui y vivent, pour qu’à Tsihombe, ni les chants ni les tortues ne disparaissent.