Projet Base Toliara : Une concertation à Ankilimalinike pour tourner la page du conflit ?
Le Président Andry Rajoelina a clôturé sa visite dans le Sud de Madagascar par une réunion avec les habitants du district de Toliara II au sujet du projet minier Base Toliara. Cette concertation intervient dans un contexte de divergence persistante entre partisans et opposants au projet.
Relancer le dialogue autour de Base Toliara
Le samedi 17 mai 2025, le Président Andry Rajoelina s’est rendu à Ankilimalinike, dans le district de Toliara II, pour une rencontre avec les populations concernées par le projet Base Toliara. Il était accompagné de son épouse, du Premier ministre Christian Ntsay, de plusieurs membres du gouvernement et de nombreux parlementaires. Cette réunion publique marque la fin d’une tournée de cinq jours du chef de l’État dans le Sud du pays. La foule, venue en nombre, a assisté à cet échange qualifié d’« historique » par les autorités. Ce déplacement visait à relancer le dialogue autour d’un projet minier suspendu en 2019 et dont les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont au cœur des débats.
Dans son allocution, le Président Rajoelina a rappelé que le projet Toliara Sands, aujourd’hui porté par l’entreprise américaine Base Toliara, remonte à 2006, mais avait été suspendu par l’État en 2019 en raison des tensions locales. Il a affirmé que les négociations, relancées en novembre 2024, avaient été menées « dans l’intérêt des populations locales et du peuple malagasy ». Selon les informations fournies, les discussions avec la société minière ont abouti à plusieurs engagements financiers : un fonds de développement de 4 millions de dollars par an pour les communes concernées, ainsi que des redevances annuelles de 180 millions de dollars. Le président a précisé que le contrat ferait l’objet d’un vote au Parlement, soulignant la transparence de la procédure.
Des retombées économiques et sociales
Les autorités ont présenté les bénéfices attendus du projet pour les communautés locales. Il est notamment prévu la construction d’écoles et d’hôpitaux, l’accès gratuit aux soins pour les personnes âgées, la distribution de fournitures scolaires, l’installation de réseaux d’eau potable et la mise en place de formations pour les jeunes dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage. Le Président a insisté sur le fait qu’aucune exploitation minière ne serait autorisée si elle ne profitait pas directement aux populations. « Le temps où des exploitations à grande échelle se faisaient sans retombée positive pour la population est révolu », a-t-il déclaré.
La parole a également été donnée aux opposants du projet, notamment au colonel Fanampera, figure emblématique de la contestation. Il a pointé un manque d’information et de transparence depuis le lancement du projet. « La population n’a jamais été informée, on lui a seulement fait des déclarations. S’ils avaient été bien informés, ils auraient peut-être été convaincus », a-t-il déclaré. Il a par ailleurs demandé au Président de renforcer les études d’impact environnemental et sociétal, citant les alertes émises par des scientifiques sur les risques potentiels pour la santé publique et l’environnement.
Divergences d’opinions
Face à ces préoccupations, le Président Rajoelina a appelé à ne pas se laisser diviser par les divergences d’opinions. « Certains s’opposent faute de compréhension sur les bénéfices réels du projet. Si je suis ici aujourd’hui, c’est pour lever les doutes », a-t-il affirmé, avant de conclure : « Jamais je ne mettrai en péril la vie du peuple malagasy ». Selon un communiqué diffusé à l’issue de la rencontre, les inquiétudes exprimées auraient été apaisées et un consensus aurait été trouvé entre l’État et les habitants d’Ankilimalinike. Le texte souligne une volonté commune d’« avancer ensemble, main dans la main, dans la mise en œuvre du projet Base Toliara pour le développement de Madagascar ».