Gouvernance scolaire : Le projet SCORE II met en lumière des avancées et des lacunes
Le projet SCORE II a présenté, ce 29 janvier 2025 à Andrainarivo, les résultats de son quatrième suivi-observation sur la transparence, la redevabilité et la qualité des services éducatifs. L’étude met en évidence des progrès notables en matière de gouvernance scolaire et de performance des élèves, mais souligne des difficultés liées aux infrastructures, à la surcharge des classes et à l’inclusion des élèves en situation de handicap.
Une amélioration de la transparence
Mené entre juillet et décembre 2024, le suivi-observation du projet SCORE II a couvert 494 écoles publiques réparties dans 17 districts et 99 communes des régions d’Analamanga, Anosy, Androy, Atsimo Andrefana, Vatovavy, Fitovinany et Menabe. L’étude met en évidence une progression dans la gestion des établissements scolaires, notamment en ce qui concerne la transparence et la gouvernance des comités de gestion (FEFFI). Ainsi, 98 % des FEFFI rendent désormais accessibles aux membres les informations sur l’exécution des dépenses et les décisions prises. Par ailleurs, 97 % d’entre eux intègrent la communauté éducative dans les dialogues sur la gouvernance interne.
Le mécanisme de signalement des cas de corruption, mis en place par le ministère de l’Éducation nationale (MEN), le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) et le projet SCORE II, reste encore peu utilisé. Bien que 80 % des FEFFI aient bénéficié de sensibilisations sur ce dispositif, les signalements enregistrés restent faibles. L’étude recommande un renforcement des actions de sensibilisation et de responsabilisation des acteurs éducatifs.
Surcharge et déperdition scolaire
L’évaluation met en lumière des disparités concernant les conditions d’enseignement. Si 57,37 % des enseignants sont fonctionnaires, plus de 35 % sont rémunérés par les parents, ce qui représente une charge financière supplémentaire pour les ménages les plus vulnérables. Par ailleurs, la surcharge des classes demeure une problématique majeure, notamment dans la région d’Androy, où certaines salles accueillent jusqu’à 92 élèves, un effectif largement supérieur aux normes définies par le MEN.
En outre, l’observation révèle une diminution progressive des effectifs au niveau primaire, avec une perte cumulative de 65 % des élèves inscrits entre la première et la cinquième année. Au niveau des collèges d’enseignement général (CEG), le taux de déperdition atteint 36 %. Concernant la performance scolaire, les taux moyens de passage au niveau supérieur sont de 67 % dans le primaire et de 72,31 % dans le secondaire, des chiffres inférieurs au seuil acceptable de 75 %. Ces résultats varient toutefois selon les régions.
Sur le volet de l’inclusion, 70,71 % des FEFFI ont mis en place des actions pour faciliter la réinsertion scolaire des élèves vulnérables. De plus, 88,89 % des comités ont initié des mesures pour intégrer les enfants en situation de handicap. Cependant, le rapport souligne la nécessité d’améliorer les infrastructures et les équipements adaptés pour garantir un accès équitable à l’éducation.

Retards de financement
Le suivi-observation a également analysé l’octroi et l’utilisation de la caisse école, un fonds destiné au fonctionnement des établissements publics. Les critères d’attribution reposent sur les besoins essentiels, l’équité et la performance des établissements aux examens scolaires. Toutefois, l’étude met en évidence des retards de financement allant de trois à douze mois ces cinq dernières années, limitant ainsi la capacité des écoles à répondre aux besoins des élèves en matière de matériel pédagogique et de fournitures. Cette situation accentue la charge financière des parents et augmente les risques de corruption et de détournement des fonds alloués à l’éducation.
Le projet SCORE II, mis en œuvre par les organisations de la société civile MSIS-Tatao, ONG Ravintsara, MonEPT et DRV, en collaboration avec le MEN, vise à améliorer la gestion des services d’éducation fondamentale et à renforcer la transparence dans le secteur éducatif. Financé par Éducation à Voix Haute/OXFAM, il s’inscrit dans une approche communautaire inclusive. Les recommandations issues de cette étude permettront d’orienter les politiques éducatives et de renforcer les actions en faveur d’une éducation plus équitable et transparente à Madagascar.