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20 ANS DU BIANCO - La lutte contre la corruption cafouille

19/12/2024 08:25 © L'Express De Madagascar

La mise en place du Bianco, en 2004, marque le début de la lutte opérationnelle contre la corruption. Vingt ans après, la guerre contre ce fléau peine à convaincre autant au niveau national qu’à l’international.

Inefficace. Le constat est implacable lorsque les citoyens lambdas sont questionnés sur la lutte contre la corruption. Un constat qui détonne pourtant de la volonté politique affirmée, l’arsenal juridique édicté et les différents organes de lutte déployés.

Hier, à Ambohibao, Gaby Nestor Razakamanantsoa, directeur général du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), a présenté un bilan de ses cent premiers jours aux manettes de cet organe. Un rendez-vous qui coïncide aussi avec le 20e anniversaire du Bianco. Plus précisément, le 17 décembre 2004, a été inauguré son siège, sis à Ambohibao.

L’entrée en scène du Bianco a été le point de départ du volet opérationnel de la lutte contre la corruption à Madagascar. Vingt ans après, les actions contre le fléau peinent à convaincre autant au niveau national qu’à l’international. Le rapport d’évaluation de la stratégie de lutte contre la corruption 2015 # 2025 fait état “d’un faible niveau de confiance du public dans une répression effective de la corruption mettant fin à l’impunité”.

Gros bonnets

Avec le Service de renseignement financier (Samifin), et les Pôles anti-corruption (PAC), la répression de la corruption est, à la base, la raison d’être du Bianco. Au fil des années, le Bureau a endossé des rôles dans l’éducation citoyenne et la prévention de la corruption. Mais là encore, les résultats sont sensiblement mitigés.

Les billets, discrètement glissés dans les mains des agents de circulation par les transporteurs. Les demandes d’argent dans certains bureaux en échange d’un acte de service public qui doit pourtant être gratuit. Ces exemples témoignent que la corruption a pignon sur rue. Que la répression n’est pas dissuasive et l’éducation ou la prévention n’ont pas eu d’effet. Néanmoins, les citoyens sont plus enclins à dénoncer, bien qu’il s’agisse majoritairement de dénonciation anonyme.

Hier, à Ambohibao, le fait que Madagascar stagne dans la notation et le classement de l’Indice de perception de la corruption (IPC), a été évoqué. Comme l’indique le patron du Bianco, l’IPC découle des enquêtes menées auprès des banquiers, des opérateurs économiques, des partenaires internationaux et des Organisations non-gouvernementales (ONG).

Sous un autre angle, l’IPC traduit la perception de l’effectivité et de l’efficacité de la lutte contre la grande corruption. Avec soixante-et-onze investigateurs pour tout le territoire, la chasse aux petites corruptions dans les coins de rue est une mission impossible. Le Bianco et les autres bras armés de la guerre contre ce fléau sont surtout attendus sur les cas de grandes corruptions. Celles qui causent le plus de manque à gagner à la trésorerie publique et une des causes de la pauvreté.

Depuis vingt ans, le fait que le Bianco et les autres organes de lutte contre la corruption et les délits connexes peinent à coincer les “gros bonnets”, est un constat récurrent. Gaby Nestor Razakamanantsoa soulève la difficulté d’apporter des preuves juridiquement valables aux actes de corruption. Que souvent, il n’y a pas de faits permettant d’incriminer les présumés “gros poissons”, pointés du doigt.

Le privilège de juridiction consacrée par la Constitution, dont jouissent les hauts responsables étatiques, même lorsqu’ils ne sont plus en poste, complique encore plus la tâche du Bianco et consorts. De même pour les privilèges statutaires de certains corps de métier. Toutefois, la corruption est aussi un fléau dans le secteur privé. Souvent, des acteurs privés sont partis à des actes suspectés de grande corruption ou de délits connexes impliquant l’administration publique.

Les 20 ans du Bianco coïncident avec l’élaboration de la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption. Reste à voir si le texte qui servira de boussole à la guerre contre ce fléau durant les dix prochaines années, aura capitalisé le vécu et les expériences acquis depuis 2004.

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