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Réforme de la justice en Israël: Netanyahu annonce une "pause"

27/03/2023 23:08 © Afp

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé lundi une "pause" dans le projet de réforme de la justice qui divise le pays après une journée d'intensification de la contestation et l'apparition de tensions au sein de la majorité.

Deux des principaux chefs de l'opposition ont annoncé leur disposition à dialoguer avec le gouvernement, mais dans le cadre de la médiation proposée depuis plusieurs semaines par le président Isaac Herzog, tout en mettant en garde l'exécutif contre toute tentative de duperie.

Rapidement après le discours de M. Netanyahu, la grande centrale syndicale Histadrout a annoncé la fin de la grève générale qu'elle avait décrétée le matin avec l'objectif affiché de stopper la réforme.

Dans la société civile, les organisateurs de la contestation qui s'impose depuis des semaines comme l'un des plus grands mouvements de mobilisation populaire de l'histoire d'Israël, se sont montrés beaucoup plus circonspects, appelant à continuer les manifestations tant que le projet n'est pas "totalement stoppé".

"Je donne une vraie chance à un vrai dialogue [afin] d'empêcher la division du peuple", a déclaré M. Netanyahu : "J'ai décidé d'une pause [du travail législatif sur la réforme] lors de cette session parlementaire afin de parvenir à un large accord" lors de la prochaine session devant s'ouvrir après les fêtes de la Pâque juive (5 au 13 avril).

"Si la législation s'arrête réellement et totalement, nous sommes prêts à entamer un véritable dialogue à la résidence du président", a réagi le chef de l'opposition, Yaïr Lapid. "Nous avons eu de mauvaises expériences dans le passé et nous allons donc d'abord nous assurer qu'il n'y a pas de ruse ou de bluff", a néanmoins ajouté le député centriste.

"Main tendue"

"Mieux vaut tard que jamais", a déclaré Benny Gantz (centre-droit), autre ténor de l'opposition, annonçant être prêt à se rendre "immédiatement" et "la main tendue" à des discussions sous l'égide du président israélien.

L'arrêt du processus législatif est "la bonne chose" à faire, a réagi M. Herzog dans la soirée, appelant les deux camps en présence à renoncer à toute violence.

Allié de poids d'Israël, Washington, qui avait fait part à plusieurs reprises de ses inquiétudes face au projet en cours, a salué une décision qui "donne plus de temps pour trouver un compromis".

Depuis l'annonce du projet de réforme début janvier, des dizaines de milliers d'Israéliens manifestent toutes les semaines pour dénoncer le projet et conspuer le gouvernement formé en décembre par M. Netanyahu.

Le rythme des manifestations s'est intensifié depuis la mi-mars et la tension était encore montée dimanche après l'annonce par M. Netanyahu du limogeage de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui s'était prononcé publiquement la veille pour une "pause" dans la réforme afin de favoriser un dialogue avec l'opposition en vue de parvenir à un texte plus consensuel.

Des milliers d'Israéliens étaient alors descendus spontanément dans la rue à Tel-Aviv, donnant lieu dans la nuit à des heurts avec les forces de l'ordre. Après ces incidents, M. Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, a appelé lundi matin le gouvernement à "stopper immédiatement" l'examen de la réforme au Parlement.

Lundi encore, une foule, estimée à 80.000 manifestants selon des médias israéliens, s'est rassemblée autour du Parlement à Jérusalem pour protester contre la réforme. Dans la soirée, une contre-manifestation, la première du genre, s'est tenue non loin de là, devant la Cour suprême, rassemblant plusieurs milliers de personnes, selon un journaliste de l'AFP.

"Détourner l'attention"

A Tel-Aviv, des milliers de personnes défilaient encore contre la réforme dans la soirée.

Pour le gouvernement de M. Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement.

Les détracteurs de la réforme estiment au contraire qu'elle risque de mettre en péril les principes démocratiques en usage en Israël en faisant sauter des garde-fous. Ils craignent qu'elle ouvre la voie à une dérive illibérale ou autoritaire.

L'aéroport international Ben-Gourion, qui avait annoncé dans la matinée l'arrêt des vols départ à cause de la grève a annoncé leur reprise dans la soirée.

Signe des défis qui attendent encore le pays, la physicienne Shikhma Bressler, une des organisatrices du mouvement de contestation a déclaré sur Twitter ne prendre "pour argent comptant aucun mot" de Netanyahu.

"Tant que le travail législatif [sur la réforme] n'est pas totalement stoppé, nous manifesterons dans les rues", assure de son côté un des collectifs de la contestation, qui dénonce "une nouvelle tentative de Netanyahu de détourner l'attention du public pour affaiblir la contestation avant d'établir une dictature".

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