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Pérou: premier jour de l'Etat d'urgence

15/12/2022 18:36 © Afp

Le Pérou, secoué par des troubles qui ont fait sept morts depuis dimanche, vivait jeudi son premier jour d'état d'urgence sur tout le territoire, alors que la justice doit statuer sur la prolongation ou non de la détention du président destitué Pedro Castillo.

La journée s'annonçait cruciale, la mobilisation ayant grandi et de nombreuses organisations ayant appelé à des manifestations dans l'après-midi.

L'état d'urgence décrété mercredi permet au pouvoir qui espère dissuader les manifestants, de déployer l'armée pour assurer le maintien de l'ordre.

La situation était calme à 08H30 locales (13H30 GMT) tant à Lima que dans les provinces du pays, selon les images diffusées par les chaînes d'informations, a constaté l'AFP.

"L'état d'urgence est décrété dans tout le pays pour trente jours (...) Il faut une réponse énergique, autoritaire" face aux violences, avait lancé le ministre de la Défense Alberto Otarola, soulignant que la mesure comprenait "la suspension de la liberté de circuler et de réunion" avec "possibilité de couvre-feu". "La police avec le soutien des forces armées aura le contrôle de tout le territoire", a-t-il précisé.

Castillo en détention

Jeudi matin, un tribunal de la Cour suprême a commencé à examiner la demande du Parquet de placement en détention provisoire pour 18 mois de l'ex-président Castillo, qui avait vainement tenté de dissoudre le Parlement et est poursuivi pour "rébellion" et "conspiration".

La Cour suprême avait ordonné le 7 décembre sa détention provisoire pour sept jours. Il devait en théorie sortir mercredi.

Lors d'une audience de demande de libération, mardi, M. Castillo a crié au complot, lançant : "je ne renoncerai jamais". Mercredi, dans une lettre publiée sur Twitter il a dit vouloir saisir la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH). "Je vous tiens, juges et procureurs, responsables de ce qui se passe dans le pays. +Seul le peuple sauve le peuple+", a-t-il écrit.

Le pouvoir tente de faire respecter l'ordre par la force mais aussi d'apaiser le mécontentement en accédant à certaines des revendications des manifestants.

La présidente Dina Boluarte-qui était la vice-présidente de Castillo jusqu'à sa tentative ratée de dissolution du Parlement-### a annoncé vouloir à nouveau avancer le calendrier électoral "à décembre 2023".

Mme Boluarte, qui cristallise sur sa personne une partie du mécontentement, s'était déjà engagée dimanche à les avancer de 2026 à avril 2024, sans pour autant enrayer les protestations. Elle est elle-même concernée par la mesure : son mandat court théoriquement jusqu'en 2026, M. Castillo ayant été élu en 2021 pour cinq ans.

Il y a des "ajustements" constitutionnels à faire, a expliqué Mme Boluarte. Le Parlement doit en débattre jeudi .

Touristes bloqués

Jusqu'à la déclaration de l'Etat d'urgence national, la mobilisation est restée forte avec de nombreuses routes bloquées, notamment dans le Nord et le Sud du pays, là où M. Castillo a le plus de soutiens. Quatre aéroports sont fermés dans le sud du pays, à Cuzco, Puno, Arequipa et Juliaca.

Le train reliant Cuzco et la citadelle inca du Machu Picchu, le joyau touristique du Pérou, est suspendu depuis mardi en raison des troubles et quelque 779 touristes de différentes nationalités étaient bloqués depuis mardi, selon le maire de Machu Picchu, Darwin Baca, qui a demandé de l'aide pour les évacuer.

"Nous ne pouvons pas retourner à Cuzco ni partir pour un autre pays à cause des manifestations. Je suis avec des enfants, pour moi c'est un problème", a déclaré à l'AFP Gal Dut, une touriste israélienne.

Devant la caserne de la police où est détenu M. Castillo, située à Até (est de Lima), de nombreux de ses soutiens campent et réclament sa libération en scandant des slogans en sa faveur.

"Nous resterons ici jusqu'à ce que notre président sorte et retourne à son fauteuil présidentiel au Palais", promet Roxana Figueroa, 59 ans, assistante sociale.

Le 7 décembre, M. Castillo, 53 ans, avait ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour "incapacité morale". Il avait vainement tenté de trouver refuge dans l'ambassade du Mexique avant d'être arrêté.

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