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Ukraine : chez Poutine, Macron espère une amorce de désescalade

07/02/2022 21:06 © Moov

Ukraine : chez Poutine, Macron espère une amorce de désescalade

Le président français Emmanuel Macron a souhaité lundi "amorcer une désescalade" dans la crise autour de l'Ukraine au début de sa rencontre avec son homologue russe au Kremlin, Vladimir Poutine disant de son côté apprécier les efforts de Paris dans ce dossier.

Des dizaines de milliers de soldats russes campent toujours aux frontières de l'Ukraine, laissant craindre une invasion, voire un conflit européen. La Russie juge un apaisement possible si l'Otan quitte son voisinage immédiat, une exigence inacceptable pour les Occidentaux.

"Notre continent est aujourd'hui dans une situation éminemment critique", a déclaré M. Macron, assis à une très longue table blanche du Kremlin, séparé de plusieurs mètres de M. Poutine, une mesure due à la pandémie de Covid-19.

"La discussion peut amorcer (...) une désescalade", a-t-il dit au début de la rencontre vers 15H30 GMT (18H30 heure locale), ajoutant vouloir "éviter la guerre" et "construire les éléments de confiance, de stabilité, de visibilité pour tout le monde".

Vladimir Poutine a pour sa part assuré avoir "la même inquiétude (que son homologue) en ce qui concerne la sécurité en Europe", saluant les efforts des "autorités françaises pour régler la question" et "trouver un règlement à la crise".

Le président français est le premier dirigeant occidental de premier plan à avoir rencontré le chef de l'Etat russe depuis l'accroissement des tensions en décembre.

# Série d'efforts

Le déplacement s'inscrit dans une série d'efforts diplomatiques européens cette semaine et la suivante. 

Mardi, M. Macron ira à Kiev voir son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Les 14 et 15 février, ce sera au tour du chancelier allemand Olaf Scholz de faire ces mêmes voyages, après avoir été ce lundi avec le président américain à Washington.

Joe Biden a dit, aux côtés de M. Scholz, agir "de concert" avec Berlin face aux "agressions" russes.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, à Washington lui aussi, a estimé que l'Europe traversait le "moment le plus dangereux" pour sa sécurité depuis la fin de la Guerre froide. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait souligné dans la matinée que M. Macron avait promis de se rendre à Moscou "avec des idées dans la quête d'une détente", avant de juger la situation "trop complexe pour s'attendre à des percées décisives".

Le président français avait expliqué dans l'avion qui le conduisait à Moscou vouloir travailler à "voir où sont les points de désaccord et les points de convergence possibles".

Devant M. Poutine, il insisté sur le fait que sa position était "coordonnée" avec ses alliés européens et américain, qui tous ont rejeté les exigences du Kremlin de la fin de la politique d'élargissement de l'Otan, qui fermerait la porte à l'Ukraine.

# Rien sans les Ukrainiens

Les Occidentaux proposent en revanche des discussions sur les inquiétudes de la Russie, évoquant des visites réciproques de sites militaires ou encore des mesures de désarmement. Des propositions "positives", mais "secondaires", selon Moscou.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, recevant son homologue allemande Annalena Baerbock à Kiev, a martelé que la Russie n'arriverait pas à "creuser un fossé entre l'Ukraine et ses partenaires".

Plus tôt, il avait fixé ses lignes rouges : "Pas de concessions sur l'intégrité territoriale" et "un retrait durable des forces russes de la frontière ukrainienne et des territoires occupés".

M. Macron a quant à lui promis qu'il n'y aurait aucun "compromis sur la question ukrainienne sans les Ukrainiens".

La Russie a déjà annexé une partie de l'Ukraine en 2014, la péninsule de Crimée. Depuis la même année, des séparatistes prorusses, soutenus par Moscou, sont aussi en guerre avec l'armée ukrainienne dans l'est de l'Ukraine, un conflit qui a fait plus de 13.000 morts.

Un processus de paix, sous médiation franco-allemande, a permis de figer le front, mais un règlement politique est paralysé. M. Macron veut le relancer.

De son côté, la cheffe de la diplomatie allemande a rappelé à Kiev que les Occidentaux infligeraient de lourdes sanctions économiques à la Russie en cas d'offensive, même si cela aura un coût pour l'économie allemande.

Les Etats-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont par ailleurs envoyé des renforts militaires en Europe.

Le renseignement américain a assuré que la Russie avait 70% du dispositif nécessaire à une attaque de grande ampleur de l'Ukraine. 

M. Macron a évalué à 125.000 le nombre des militaires déployés aux frontières de l'Ukraine, en Russie et au Bélarus.

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