Les Etats-Unis éliminent le chef de l'EI, mettant fin à une menace "majeure" selon Biden
Les Etats-Unis éliminent le chef de l'EI, mettant fin à une menace "majeure" selon Biden
Joe Biden a assuré avoir éliminé une "menace terroriste majeure" après la mort du chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI), Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, lors d'une opération des forces spéciales américaines en Syrie.
Les Etats-Unis "ont éliminé une menace terroriste majeure dans le monde", a dit le président américain dans une allocution aussi brève que solennelle à la Maison Blanche.
"Dans un ultime geste désespéré de couardise", Qourachi, à la tête du groupe jihadiste depuis deux ans, "a choisi de se faire exploser (...) emportant plusieurs membres de sa famille avec lui, comme l'avait fait son prédécesseur", Abou Bakr al-Baghdadi, tué dans un raid américain en octobre 2019, a lancé Joe Biden.
Il a suivi l'opération depuis l'ultra-sécurisée "Situation Room", comme en témoigne une photo diffusée par la Maison Blanche, montrant le président en bras de chemise, très concentré, aux côtés entre autres de la vice-présidente Kamala Harris.
Ce portrait du démocrate de 79 ans en chef de guerre rappelle l'assaut contre Oussama ben Laden en 2011, qui a donné lieu à un cliché célèbre sur lequel figure déjà Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama.
Le raid contre Qourachi, très peu connu du grand public, a duré environ deux heures dans la nuit de mercredi à jeudi.
Après l'assaut du commando, arrivé en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d'Atmé, dans le nord-ouest de la Syrie, des correspondants de l'AFP ont trouvé un bâtiment de deux étages en partie détruit, aux sols maculés de sang.
Sur un autre site, les restes carbonisés d'un hélicoptère américain, victime d'un problème technique, et détruit par les forces spéciales avant d'être abandonné.
Joe Biden a évoqué une attaque "incroyablement difficile", en raison de la présence dans l'immeuble de civils, utilisés comme boucliers humains selon les Américains.
# Civils
L'opération a fait "au moins trois victimes civiles", la femme de Qourachi et deux enfants, morts dans l'explosion causée par le chef jihadiste, a précisé le Pentagone.
Les Etats-Unis ont assuré qu'aucun civil n'avait été tué en raison d'actions des forces spéciales elles-mêmes.
Le président américain a dit avoir privilégié une opération commando, "beaucoup plus risquée" pour les soldats américains, plutôt qu'une frappe aérienne, par égard pour les civils.
Aucun militaire américain n'a été blessé, que ce soit dans l'explosion causée par le chef jihadiste, ou lors d'affrontements qui ont opposé ensuite les Américains à un autre jihadiste et à sa femme à un étage inférieur du bâtiment, morts tous les deux, puis à des assaillants venus de l'extérieur, dont deux ont perdu la vie.
Joe Biden, qui a donné son feu vert à l'opération mardi, après des mois de préparation, a assuré que les Etats-Unis restaient engagés dans la lutte contre le terrorisme, même après le retrait d'Afghanistan en août dernier.
"Nous sommes à vos trousses et nous vous trouverons", a dit à l'intention des leaders jihadistes dans le monde le président démocrate, martial.
# Yazidis
Qourachi, de nationalité irakienne, avait pris fin octobre 2019 la tête du groupe ultra-radical responsable de nombreuses atrocités et exactions et d'attentats au Moyen-Orient et dans plusieurs pays occidentaux.
Il n'avait été formellement identifié qu'après plusieurs mois par les services secrets irakiens et américains.
Joe Biden l'a décrit comme le "responsable" d'une récente attaque contre une prison en Syrie, et le "pilote du génocide" et des viols de masse contre la minorité turcophone des Yazidis.
Surnommé "le professeur" ou le "destructeur", Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman al-Mawla était un jihadiste aux multiples alias, présenté par l'EI comme "l'émir" Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi depuis son accession à la tête du groupe jihadiste.
Abou Ahmad, le propriétaire de la maison où il se terrait, a indiqué à l'AFP que Qourachi avait "vécu ici pendant 11 mois. Je n'ai rien vu de suspect. Il venait juste me voir pour payer le loyer".
Selon les Américains, le chef de l'EI ne s'aventurait jamais à l'extérieur et pilotait son réseau à distance.
Les hélicoptères américains ont décollé d'une base dans la ville à majorité kurde de Kobani (nord) et des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et formées par les Etats-Unis, ont participé à l'opération, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Joe Biden a salué jeudi la contribution "essentielle" des FDS.
- Jihadistes cachés
Selon des experts, les camps de déplacés surpeuplés de la région d'Atmé servent de base aux chefs jihadistes qui s'y cachent.
Leurs groupes ont déjà été la cible de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines.
Les opérations héliportées sont en revanche rares.
Le raid est intervenu quelques jours après la fin d'un assaut de l'EI contre une prison tenue par les FDS, la plus importante offensive du groupe jihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019.
Malgré la perte de ses fiefs en Syrie et en Irak voisin, le groupe Etat islamique continue de mener des attaques à travers des cellules dormantes.
La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500.000 morts depuis 2011.
burs-aue/led