Trafic d'Or à Ivato - Des réseaux organisés et des complicités internes détectés par les Douanes

Le Directeur Général des Douanes, Ernest Lainkana Zafivanona, a apporté des détails sur cette affaire lors d’une interview accordée à Radio France Internationale (RFI). Interrogé sur les conditions de la saisie, il a expliqué que les lingots n’ont pas été interceptés lors des contrôles classiques effectués aux points de filtrage. « Ce n’est pas le passager trafiquant qui a directement passé l’or par les barrières de sécurité, mais des complices, employés privés de l’aéroport, qui ont dissimulé les lingots dans des zones stratégiques avant de les transmettre au passager », a-t-il déclaré. Ces complicités internes révèlent une faille dans le système de sécurité et soulignent la nécessité d’une vigilance accrue. La stratégie adoptée par les Douanes pour contrer ces pratiques est d’être présents sur toutes les zones à risque, y compris le tarmac, souvent utilisé comme point de transit par les trafiquants. « Nous avons mis en place des agents systématiquement sur le tarmac et utilisé des techniques de profilage avancées pour détecter les personnes suspectes », a précisé le DG

Stratégie

Les enquêtes ont révélé que l’or saisi à Ivato était destiné à Dubaï, mais l’origine des lingots reste inconnue. Plusieurs arrestations ont été effectuées, incluant le passager transportant l’or et des complices parmi le personnel de l’aéroport, dont certains sont déjà en détention préventive. Selon le DGD, le trafic d’or demeure un défi constant, motivé par l’évitement des obligations de rapatriement des devises, bien que l’exportation légale soit exemptée de taxes à Madagascar. Cette situation n’est pas unique à Madagascar. « Le trafic d’or est un phénomène continental, avec des réseaux bien établis qui utilisent des stratégies similaires dans plusieurs pays africains », a-t-il souligné. Pour contrer ce fléau, le gouvernement a mis à jour son Code minier. Ce dernier prévoit une taxation unique sur l’or, remplaçant les multiples taxes précédentes, afin de simplifier les procédures et d’encourager l’exportation légale. Jusqu’en juin dernier, un droit d’assise de 6 % s’appliquait à l’exportation de l’or, ce qui, selon certains experts, constituait un frein à la légalité. « Aujourd’hui, pour un malgache détenant de l’or, il n’y a plus d’inconvénient à exporter légalement. Cependant, les trafiquants préfèrent toujours la voie illégale pour contourner l’obligation de rapatriement des devises », a expliqué le DG.