Transition énergétique mondiale - Madagascar au cœur de la bataille du graphite
Selon les projections de GlobalData, Madagascar devrait augmenter sa production de graphite de 17 % d’ici 2030, tirant parti de ses immenses ceintures de graphite situées dans le sud et le nord de l’île.
Le mois dernier, la société canadienne NextSource Materials a livré ses premiers lots de graphite concentré à des clients en Allemagne et aux États-Unis depuis la mine de Molo, située à 160 km au sud-est de Tuléar. Installée sur une parcelle de 308,6 km², la mine de Molo est une ressource stratégique pour Madagascar.
Selon une source officieuse « Elle produit actuellement 17 000 tonnes de graphite par an, avec une capacité prévue d’atteindre 150 000 tonnes après expansion. Outre le graphite, le site contient du vanadium, un métal rare, et 25 autres minerais. Le produit phare de Molo, commercialisé sous le nom de « Super Flocon », affiche une teneur en carbone supérieure à 98 %, le destinant à des applications haut de gamme comme les batteries électriques et les technologies militaires ». Cependant, la rentabilité de cette exploitation soulève des questions. L’État, ayant cédé les droits miniers à NextSource Materials pour une somme modique, perçoit une redevance de 5 % des revenus générés, taux qui tombera à 2,5 % après l’expansion de la mine. Alors que l’industrie mondiale du graphite connaît une demande croissante, notamment en raison de la transition énergétique, cette faible part des revenus interroge sur les bénéfices réels pour l’économie nationale.
Opportunité
De plus, les impacts sociaux et environnementaux de l’exploitation minière ne passent pas inaperçus. La production de graphite nécessite d’importantes ressources en eau et en électricité, deux commodités rares dans le sud malgache. Bien que NextSource affirme utiliser une énergie hybride incluant le photovoltaïque, les habitants de Fotadrevo, village voisin situé à 13 km de la mine, n’ont observé aucune amélioration notable de leurs conditions de vie. Cette situation soulève également des enjeux stratégiques. Selon la source : « Madagascar, désormais deuxième producteur mondial de graphite derrière la Chine, joue un rôle clé dans un contexte où Pékin domine le marché avec plus de 65 % de la production mondiale. Alors que la Chine pratique une stratégie agressive de stockage de graphite, La Grande Ile pourrait devenir un acteur central dans la sécurisation des approvisionnements mondiaux en ce minerai aux technologies de demain ».