Marché de devise : Le régime de taux de change fixe écarté
Le taux de change fixe n’est pas à l’ordre du jour. Bien que l’on constate une dépréciation de l’Ariary sur le marché interbancaire de devises, la Banky foiben’i Madagasikara écarte cette idée. Dans son analyse du contexte économique face à la pandémie, elle avance que le pays ne dispose pas suffisamment de réserves de devises susceptible de soutenir ce système.
« Sans ce soutien, un taux arbitrairement bas de l’Ariary ne reflétant pas les fondamentaux économiques, entrainerait immanquablement la raréfaction des devises et son rationnement, ce qui nous ramènerait aux marchés parallèles des années 80 et ses taux de change bien plus élevés que le taux de change officiel. », explique la Banky foiben’i Madagasikara.
Des voix se lèvent ces dernières années pour l’instauration de ce régime de taux de change fixe. L’économiste Jean Jacques Ratsietison l’a fait comme cheval de bataille pour convaincre ses électeurs lors de la dernière présidentielle de 2018. Pour lui, la suppression du marché interbancaire de devise (MID) n’est pas un choix, mais plutôt une stricte nécessité. « Depuis l’application du MID, la monnaie malgache a subi une dévaluation atteignant un taux de près de 6 000% en 24 ans. Devenant ainsi la principale cause de la paupérisation du pays. Madagascar se trouve ainsi dans un état l’appauvrissement mécanique que les dirigeants soient incompétents ou pas », a-t-il déclaré au cours d’un débat à la veille de l’élection présidentielle.
Actuellement, l’Ariary a connu une forte dépréciation. La crise sanitaire a beaucoup impacté la valeur de la monnaie malgache. Sur le marché de devise, la monnaie européenne s’échangeait à 4500 Ariary. D’après l’analyse de la Banky foiben’i Madagasikara, du 1er janvier 2020 au 1er septembre 2020, dans une conjoncture économique négativement impactée par la pandémie de la covid-19, l’Ariary s’est déprécié de 11,4 % par rapport à l’Euro et de 3,9% par rapport au Dollar US.
Cette année, les recettes d’exportation liées à la vanille ont diminué de 44% par rapport à 2019. Les approvisionnements de compte des entreprises minières ont régressé de 17%. Les importations par ailleurs ont reculé de 22% pour les produits pétroliers et celles des biens de consommation sont indiquées stabilisées à un niveau élevé en dépit de la crise.
La forte appréciation de l’Euro contre le Dollar américain sur le marché international n’a pas non plus joué en faveur de l’Ariary. Le cours de 1,0 euro était de 1,0750 dollar en mars 2020 et est monté à 1,1960 dollar le 1er septembre 2020 soit une dépréciation du Dollar US de 11,25% par rapport à l’Euro au niveau international ce qui a évidemment impacté fortement sur la parité entre l’Euro et l’Ariary.
« Étant donné la prédominance des opérations de paiement libellées en dollars (64,2%), à court et moyen terme, la dépréciation de l’Ariary par rapport à l’euro n’impactera pas significativement le niveau des prix intérieurs» rassure l’institution monétaire. L’ensemble des transactions internationales utilisant le dollar a été de 64,2% si 34% pour l’euro.
Au cours de son histoire économique moderne, Madagascar est passé par les différentes catégories de régimes de change. Entre 1960 et 1973, Madagascar était encore intégré dans le cercle du « Zone Franc ». Dans ce cadre, la monnaie du pays était liée au franc français à travers un taux de change fixe.
De 1973 à 1982, Madagascar était officiellement sous régime de change fixe mais à parité mobile après avoir quitté le « Zone Franc ». Le pays ne comptait plus que sur ces réserves de change pour maintenir la parité de sa monnaie par rapport aux devises étrangères.
Depuis 1994, le pays est passé à un régime de change flexible. Le marché Interbancaire de devise a été mis en place. Et c’est la loi de l’offre et la demande par rapport aux principales devises de référence qui détermine le cours de la monnaie nationale.
Lova Rafidiarisoa
