Transport aérien : Divorce consommé entre Air Madagascar et Air Austral
Le divorce est acté. La compagnie Air Austral est éjectée du cockpit de la compagnie Air Madagascar. La résiliation du pacte d'associés, de l'accord de partenariat et du contrat de cession de créances a été scellée hier, selon certains quotidiens de la capitale. Ce qui met fin au mariage officialisé en grande pompe entre les deux compagnies « partenaires » en octobre 2017.
Pour faire de la compagnie Air Madagascar à redevenir une compagnie aérienne rentable, le régime Rajaonarimampianina était partie à la recherche d’un partenaire en avril 2017. A l’issue d’un long processus, la compagnie réunionnaise Air Austral a été choisie face à d’autres grosses pointures comme Ethiopian Airlines ou encore Kenya Airways.
Mais ce partenariat a traversé une zone de turbulence depuis quelques mois. Depuis l’arrivée au pouvoir de Andry Rajoelina, ce partenariat stratégique entre les deux compagnies était remis en cause. Les procédures de ce divorce ont été entamées par le gouvernement malgache depuis la fin de l’année dernière. Tout a commencé par la démission « forcée » de Besoa Razafimaharo de son poste de directeur général d’Air Madagascar en décembre 2019.
Plusieurs réunions se sont succédées par la suite. Mais les négociations proprement dites ont débuté au mois de février. Joel Randriamandranto, ministre des transports et du tourisme, parlait à l’époque que « les points de désaccord ne tiennent plus qu’à un fil ». Le membre du gouvernement reconnait que « aucun point positif n’a été observé à l’issue de ce partenariat. Les deux parties ont été défaillantes dans leur engagement ».
En effet, lors des négociations du partenariat stratégique, il était convenu que l’Etat malgache apure la totalité des dettes d’Air Madagascar. Celles-ci, selon les prévisions de l’époque, s’élevaient à 88 millions de dollars, et ce montant avait été inscrit dans la Loi de finances rectificative de 2017. En contrepartie, Air Austral devait venir avec 40 millions de dollars, dont 15 millions de dollars sur fonds propre et 25 millions de dollars en compte-courant, sous forme de prêt.
Si les 15 millions de dollars qui ont permis à la compagnie réunionnaise de devenir actionnaire à 49% ont été réglés, les 25 millions de dollars que celle-ci devait emprunter auprès de l’Agence française de développement (AFD) et deux banques commerciales n’ont toujours pas été « débloqués ». « Le versement de cette somme était conditionné dans le temps par le respect des engagements pris par le gouvernement malgache. Et ils ne l’ont pas fait », a confié Jean Joseph Malé, le président directeur général d’Air Austral dans les colonnes de Tourmag à l’époque.
Après ce retrait d’Air Austral, la compagnie nationale aérienne devrait élaborer une nouvelle feuille de route dans un contexte très particulier avec cette crise sanitaire. Déjà sous perfusion depuis le mois de mars, l’Etat malgache n’aura d’autres choix que de trouver d’autres partenaires pour sa compagnie aérienne.
Lova Rafidiarisoa
