Exportation - L’avenir de la vanille inquiète les opérateurs
Malgré des performances rassurantes, la situation de la vanille reste tout de même alarmante selon les observateurs. Des propositions de réforme sont avancées.
Stagnante. La situation de la précieuse épice de Madagascar est au beau fixe selon un rapport d’enquête exposé, hier au DLC Anosy, par le bureau d’étude Salva Terra qui se spécialise dans le domaine de l’environnement et l’agriculture. Le rapport a été effectué afin d’établir un état des lieux de la filière vanille dans la Grande île.
Destinés à tous les opérateurs du secteur, à l’administration ainsi qu’aux bailleurs, les résultats d’enquête ont dévoilé la persistance d’un certain manque de bonne gouvernance qui risque de déteindre sur les performances et les recettes apportées par la filière dans une vision à long terme. « Les mauvaises gestions se reflètent à plusieurs niveaux de la chaîne de valeur de la filière. Les ristournes régionales sont peu respectées, les mauvaises pratiques persistent quant à l’utilisation des pesticides ou encore les récoltes précoces des vanilles encore verte. Sans parler de l’insécurité qui sévit surtout dans la région SAVA ou encore la pratique des emballages sous vide à tous les niveaux de production alors que cela ne devrait s’appliquer que sur les produits prêts à l’export », explique Anis Chakib ingénieur forestier tropicaliste chez Salva Terra. Autant de facteurs qui composent les principales problématiques de la vanille de Madagascar.
Pourtant, malgré une contribution à 7% du PIB national, l’ombre plane encore sur l’avenir de la fameuse épice. « Les trois décrets sensés agir dans le sens de la libéralisation de la filière ont engendré un vide juridique entrainant une certaine gabegie dans la gestion de la filière. Chaque responsable politique qui s’est succédé avait sa propre vision de la chose. Ce qui a fait qu’aucune continuité n’a pu être observée dans la politique de développement de la filière », argue Mevazara Yssouf, vice-président de la Plateforme Régionale de Concertation et de Pilotage de la filière vanille (PRCP SAVA). Pour ce responsable, une refonte de la filière doit être envisagée. « On a besoin d’un traitement de fond, une transformation juridique des statuts de la PNV et des PRCP vanilles régionales. Le maître-mot est “réformer”. Il est question de mettre en place un comité de réforme de la filière vanille pour arriver à cette fameuse bonne gouvernance tant espéré par les opérateurs dans ce secteur », rajoute le vice-président de la PRCP SAVA.
L’industrie mondiale de la vanille dépend encore beaucoup de Madagascar et de ses instabilités. Parallèlement, près de 90% des préparateurs et des collecteurs sur près de trois mille n’est pas encore enregistré officiellement. Une régularisation de la situation de ces opérateurs est donc de rigueur dans la mesure où cette réforme dépend du développement socio-économique de plusieurs régions productrices de vanille dans le nord de la Grande île.