« Le Gecko Marron » : Le livre qui choque les descendants malgaches de La Réunion

Détournement de la réalité

Le livre, écrit par Emilie Rivollet, une professeure des écoles, et adapté en pièce de théâtre par la compagnie « Kléasons », propose une vision déformée de l’histoire, selon le Collectif des descendants malgaches. En se focalisant sur un récit fictif où un gecko vert de Bourbon est mis en esclavage par un lézard malgache, ces œuvres omettent délibérément le rôle crucial de la France dans le système esclavagiste réunionnais. L’indignation du collectif repose sur plusieurs fondements. D’abord, l’erreur historique flagrante consistant à attribuer à tort la responsabilité de l’esclavage à un personnage malgache, tandis que la narration élude complètement le rôle colonial français dans cette tragédie humaine. Ensuite, la volonté affirmée de la compagnie théâtrale et de l’auteur de minimiser ces faits historiques au profit d’une histoire basée sur les espèces invasives est dénoncée comme un détournement inacceptable de la réalité.

Lutte contre le racisme anti-malgache

L’aspect le plus troublant de cette controverse réside dans le fait que ces œuvres sont destinées à la jeunesse. En distordant les faits historiques et en attribuant à tort la responsabilité de l’esclavage à une entité malgache fictive, elles façonnent une perception erronée de l’histoire chez les enfants réunionnais. Les appels au dialogue et à la rectification raisonnée de cette représentation ont été ignorés voire rejetés par l’équipe de production et artistique, affirme le collectif Nout zansèt nout fors. Les suggestions pour modifier le personnage esclavagiste malgache par un autre personnage respectueux de l’histoire réelle et des descendants malgaches ont été repoussées. La controverse ne se limite pas seulement à une question d'exactitude historique. Elle soulève des problèmes de respect culturel, de reconnaissance de l’héritage malgache et de la lutte contre le racisme anti-malgache, persistant depuis des siècles à La Réunion. Les descendants malgaches exigent, ainsi, le retrait de ces œuvres pour préserver l’exactitude historique, le respect des cultures et la dignité des générations à venir. Cette demande n’est pas seulement une réclamation de justice historique, mais aussi une quête de respect et de reconnaissance d’une identité réunionnaise forgée par la convergence de multiples héritages.