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Culture

Roman "#ZaKoa" : Hary Rabary dévoile la face cachée des violences sexuelles à Madagascar

30/10/2023 10:36 © Moov.Mg

Dans son tout premier roman, "#ZaKoa," Hary Rabary se lance courageusement dans l'exploration d'un sujet longtemps resté tabou à Madagascar : les violences sexuelles. Récemment publié par les éditions Dodo vole, ce livre apporte un regard poignant sur une réalité trop souvent gardée sous silence.

Une lettre chargée de douleur

L'histoire se présente comme une lettre interminable que la protagoniste, Rota, adresse à l'homme au cœur de ses souffrances : son agresseur. C'est une lettre difficile à écrire, une lettre chargée de douleur et d'amertume, une lettre que Rota s'engage à rédiger malgré les traumatismes qu'elle ranime. Rota, originaire des milieux sociaux les plus démunis de sa ville, a toujours placé son espoir dans l'éducation pour forger un avenir meilleur. Toutefois, son parcours est bouleversé lorsqu'elle tombe amoureuse d'un garçon de la classe aisée de son collège, rêvant d'un avenir radieux. La réalité qu'elle découvre est bien loin de ses rêves, et elle devient une victime de prédateurs sexuels. Le roman est une fresque émotionnelle, confrontant la cruauté des agressions sexuelles aux mots fluides de l'auteure. Le style d'écriture est saisissant, mêlant l'urgence et la maîtrise du récit. Chaque chapitre est marqué par une indication horaire, renforçant l'ambiance tendue et anxiogène qui règne tout au long de l'histoire.

Donner une voix à ceux qui souffrent en silence

"#ZaKoa" s'inscrit dans le sillage du mouvement #metoo, qui a permis aux victimes de violences sexuelles de briser le silence. Le titre lui-même, signifiant littéralement "moi aussi" en malagasy, témoigne de l'engagement de l'auteure à donner une voix à celles et ceux qui souffrent en silence. Hary Rabary ose explorer un sujet rarement abordé dans la littérature malgache, exposant une réalité trop longtemps cachée. L'autrice, âgée de 40 ans et gynécologue à l'hôpital de Diego-Suarez, puise dans ses expériences professionnelles et dans les témoignages de victimes pour alimenter son récit. Elle a choisi de présenter son travail sous la forme d'une fiction, permettant ainsi de mettre en lumière les zones d'ombre de la société malgache, où les victimes endurent non seulement les sévices physiques, mais aussi la honte, le rejet social, et l'injustice face à des agresseurs qui demeurent impunis.

Résilience et espoir

Au cœur de l'histoire, Rota fait le choix de l'écriture plutôt que la voie judiciaire pour révéler sa souffrance. À travers ses mots, elle puise une force qui lui permet non seulement de libérer sa douleur passée, mais aussi de se réapproprier un présent fait de résilience et d'espoir. "#ZaKoa" est bien plus qu'un simple roman. Il interpelle la société, questionne la manière dont nous traitons les victimes de violences sexuelles et brise le silence qui entoure ces crimes. Ce roman puissant ouvre la porte à une conversation vitale dans une société où ce sujet reste un tabou. Hary Rabary, à travers "#ZaKoa", devient la porte-parole des victimes de violences sexuelles. Son premier roman évoque un problème crucial tout en offrant un message de courage et de résilience pour les victimes qui, comme Rota, cherchent à se reconstruire malgré les traumatismes.

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