Lys Misizara : La rhétrice de la ville du Pain de sucre
Sa coiffure ressemble à une somptueuse crinière de lionne. Majestueuse, sa démarche nous fait rappeler ces reines du XIXème siècle de la partie Nord-Ouest de la Grande île Ile, notamment Binao ou Tsiomeko. Inspirante est cette jeune demoiselle de 20 ans. Artisane des mots, porte-parole de la jeunesse diégolaise, revendicatrice très subtile, elle est souvent invitée par les organisateurs évènementiels de sa ville à animer des cérémonies… , « …parce qu’elle a une voix puissante », disait Allushka Bahoaka, l’une de ses enseignantes à l’université.
Poétesse urbaine pour les uns, slameuse hors normes pour les autres, Fety Sylvania Alias Lys Misizara est avant tout une oratrice autodidacte. Son éloquence aiguillonne l’âme de l’assistance. Sa gestuelle et sa manière de poser le regard émerveillent le public. Son discours est juste impressionnant. Oui, comme un fleuve qui absorbe les ruisseaux, Lys maîtrise la scène. Elle est cette «Makoavavy» charismatique qui affiche sans complexe sa personnalité. Une attitude qu’elle a forgée depuis ses 13 ans. En effet, authentiquement vintage, la prosatrice remet au goût du jour le jijy sakalava du nord. « J’écoute les chants traditionnels, je collecte des vocabulaires anciens, des phrases des roitelets des villages pour peaufiner mes métaphores », a-t-elle raconté. Archiviste dans l’âme, jusqu’à maintenant, elle se souvient des légendes, des contes racontés par ces grands-parents.
En outre, Misizara insuffle des idées neuves, en ajustant la tradition orale à la vie actuelle. « Je mixe l’ancien et le moderne. En réalité, j’actualise le passé. Car il y a des choses qui sont toujours valables de nos jours. Ce n’est pas parce qu’on habite dans une maison climatisée qu’on se dit qu’on n’a pas besoin du « tragno gasy ». Je représente la campagne, tout en étant citadine », a-t-elle ajouté. À présent, elle envisage un énorme projet pour se lancer officiellement dans la carrière artistique. Lys Misizara, le chantre de la ville du Varatraza a toute la jeunesse devant elle pour acquérir plus d’expériences.
