Musique urbaine : Space Chen, la drill dans la peau

Difficile de le convaincre pour faire tomber son masque. Pour lui, le visage n’a point d’importance, il n’y a que le talent qui compte. Artiste mystérieux, ses inconditionnels vont devoir imaginer son visage en écoutant ses morceaux. Il est futuriste tout en conjuguant les verbes au présent.

Son nom de scène est la combinaison entre espace, car il est amoureux d’astronomie, et le celui du professeur Chen de Pokémon. Il a la boulimie du savoir. Ce savoir, pourtant, il l’expose en chantant. Space Chen, un jeune homme de 21 ans, un new school dans le rap game qui n’a commencé sa carrière qu’en 2019. Mais, lorsque les adeptes du Hip Hop l’écoutent, c’est comme s’il était déjà là depuis une vingtaine d’années. Membre du collectif Fuego qu’il a fondé avec Jey BR, Kresnik, et Nanté98, Space Chen est l’un des maîtres de la drill. Tout est en lui, textes et technique vocale varient selon les thèmes proposés. London, Sadeshit, Spleen, sont des titres très connus, mais, au total, il a produit quinze chansons.

Space Chen est un artiste assez discret, humble, mais très tranchant dans ses propos. À moitié argot à moitié soutenu, ses paroles semblent assez sombres en suivant le rythme de la drill. Ses egotrips sont différents de ceux des rappeurs. Tantôt manga, tantôt angano gasy, s’il sait adapter aux moins deux cultures pour donner un produit impérissable. Space Chen est cultivé, sans panégyrique, cette qualité lui permet de précéder les chanteurs de sa génération. Ouvert à d’autres rythmes, pour ne pas se faire étiqueter par les auditeurs, bien que la culture hip-hop soit ancrée dans son esprit, Chen travaille étroitement avec son ami Kresnik, la sortie de l’Ep Mucho love en est la preuve. « La sonorité est un peu dans l’afrobeat, c’est pour ne pas être borné. La musique vit », a-t-il fait savoir.

Cette année sera folle pour le jeune homme. Il produira plus, pour que ses convaincus soient transportés dans son vaisseau Space Chen.