Insécurité, indiscipline : L’Armée se remet en question
Les hauts responsables au sein de l’armée sont en conclave à Ivato. Ils cogitent, notamment, sur les points ayant affaibli la grande muette.
Introspection. Outre l’évaluation des activités de ces six derniers mois, et la projection des objectifs pour les six prochains mois, l’identification des failles dues aux errances de l’armée est, également, l’objet de la réunion des grands responsables de la grande muette qui se tient depuis, hier, à l’Asia Africa hotel, Ivato. Comme l’indique le général Théophile Rakotonirina, chef d’État major général de l’armée, durant les deux jours de conclave, « nous allons identifier tous les points faibles qui ont fait vaciller l’armée et définir les moyens de les redresser ». Le manque de matériel pourrait être la réponse qui vient rapidement en tête lorsqu’il s’agit de faire la liste des faiblesses de la grande muette. Les trois corps qui composent sont devenus l’ombre d’eux-mêmes au fil des années.
Les équipements à la disposition de l’armée de terre datent d’une autre époque. Pratiquement démolies, l’armée de l’air et les forces navales étaient, il y a peu encore, moribondes. La dotation de nouveau matériel à la grande muette lui a redonné des couleurs. Dans son allocution téléphonique à l’ouverture du conclave d’Ivato, Christian Ntsay, Premier ministre, a indiqué qu’un effort sera fait pour équiper la marine.
La défense du territoire est la première vocation de l’armée. Madagascar est, toutefois, un pays en paix. Ce qui a fait que la nécessité de l’armée a été remise en question à quelques reprises. La Réforme du secteur sécurité (RSS), impliquant la grande muette dans les Forces de défense et de sécurité (FDS), a, toutefois, amené une évolution de son rôle. Désormais, l’armée joue un rôle opérationnel dans la lutte contre l’insécurité.
« Il n’est plus question que les hommes restent dans les camps à se tourner les pouces. Dorénavant, tout le monde participera aux actions sur terrain », martèle le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale. Une directive qu’il a réitérée, hier, à Ivato. Déployée, notamment, dans le cadre des Zones rurales prioritaires de sécurité (ZRPS), l’armée contribue sensiblement au rétablissement de l’ordre et de l’autorité de l’état, depuis quelques mois.
À entendre l’intervention téléphonique du locataire de Mahazoarivo, le rôle de l’armée dans la sécurisation des frontières, notamment, maritimes sera intensifié. Des Zones maritimes prioritaires d’intervention (ZMPI), ont été définies dans cette optique. « Ramener le niveau d’insécurité à un seuil tolérable est la mission qui nous a été confiée durant les six derniers mois. Il s’agit, pour les mois à venir, de travailler à pérennisation des acquis », affirme le ministre de la Défense nationale.
Pour maintenir la dynamique opérationnelle de l’armée, la mise en place d’un dispositif militaire permanent de lutte contre l’insécurité devra démarrer incessamment. « Tout en luttant contre l’insécurité, l’armée appuiera, également, le développement », soutient le ministre Rakotonirina. Un corps au sein de l’armée de terre, justement, est dénommé Forces de développement.
Durant les débats sur la RSS, l’hypothèse selon laquelle, occuper l’armée à ses attributions militaires serait le meilleur moyen pour éviter qu’elle cède aux sirènes, souvent véreuses, de la politique. L’histoire démontre, en effet, que la principale faiblesse de la grande muette est sa perméabilité à la politique. </p>
Une situation qui a conduit à des divisions, voire des scissions au sein de l’armée, surtout, ses hauts gradés.
La politique qui s’est enchevêtrée avec les questions ethniques ont pollué la grande muette dès l’enrôlement et les concours au sein des écoles, jusqu’aux avancements en grade. Une situation qui a gangréné l’armée durant des années, jusqu’au moment où, à quelques reprises elle a été l’outil d’événements politiques non démocratiques. </p>
Faire introspection, redresser les failles afin de reconquérir la confiance de la population par le professionnalisme et l’exemplarité, est l’objectif du conclave d’Ivato. Se défaire des crochets de la politique pourrait être le premier pas à faire.</p>