Fin des kidnappings - Quid du ou des commanditaires
L’arrêt des rapts de nationaux et d’étrangers est un des bons points du bilan de la lutte contre l’insécurité. Une question s’impose, toutefois, sur le sort des commanditaires.
Impunis. Si les auteurs principaux et co-auteurs des actes de kidnapping ont été arrêtés et jetés en prison par dizaines, les commanditaires semblent, pour l’heure, tranquilles. Une situation qui ternit le bilan de la lutte contre l’insécurité dont, l’arrêt des rapts de nationaux et d’étrangers est un des points phares.
Le cran d’arrêt mis aux actes de kidnapping que ce soit en zone urbaine, qu’en milieu rural a été l’un des résultats mis en avant par le général Richard Ravalomanana, secrétaire d’État à la gendarmerie nationale, hier. Lors d’une réunion de ses grands responsables à l’espace Mada By-pass, les bérets noirs ont présenté le rapport d’évaluation de l’exécution des directives politiques et des actions opérationnelles durant les six derniers mois.
Si l’année 2018 s’est soldée par un bilan effrayant de dix-neuf cas de rapts enregistrés, cette frénésie criminelle s’est sensiblement calmée depuis l’entrée en scène des nouveaux responsables politiques des Forces de défense et de sécurité (FDS). Il n’est pas prétentieux de dire que les kidnappings ont cessé. En conséquence, près de quarante auteurs principaux des kidnappings seraient en détention préventive, jusqu’ici. Les commanditaires, pourtant, semblent toujours se la couler douce.
Un présumé commanditaire d’acte de kidnapping dans la ville de Toamasina, a bien été arrêté l’année dernière, à Antsirabe. À la stupeur générale, pourtant, il a été libéré de sa détention préventive par une chambre d’accusation de la Cour d’appel de Toamasina, en mars. Il a même été inscrit comme suppléant d’un candidat à la députation dans la circonscription de Fanadiana.
Il s’agit, pourtant, du rare présumé commanditaire de rapt, a avoir été pris dans les mailles du filet des FDS et de la justice. Les deux autres ministres chargés de la défense et de la sécurité au sein du gouvernement, ainsi que le ministre de la Justice ont été présents à l’ouverture des deux jours de cogitation de la gendarmerie nationale. « Notre présence ici, montre notre cohésion dans la lutte contre l’insécurité et les actions pour l’intérêt général et l’intérêt supérieur de l’État », a déclaré le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale.
Après les bérets noirs, ce seront les grands responsables de l’armée qui feront leur rapport, à partir d’aujourd’hui. Ceux de la police nationale s’y mettront, également, vers mi-août. En matière de grand banditisme, les trois corps au sein des FDS échouent, toujours, à appréhender les commanditaires et démanteler les réseaux de « bandits en col blanc ». Dans la lutte contre le vol de bovidé, par exemple, la résistance et la puissance de ces réseaux font que les opérations de sécurisation n’aboutissent, souvent, qu’à des résultats ponctuels.
« Ce n’est pas aux militaires de lutter contre les dahalo, en col blanc. Notre rôle est de combattre les bandits armés sur terrain », aime à souligner le général Théophile Rakotonirina, chef d’État major-général de l’armée. Une manière de dire que les hauts responsables politiques ont un rôle important dans le démantèlement des réseaux qui sont aux manettes du grand banditisme. Et en matière de kidnapping, ils semblent avoir de puissants protecteurs.
François Goldblatt, ancien ambassadeur de France, a été prié de plier bagage, en partie, après qu’il ait tenu des propos acerbes sur la gestion des dossiers de kidnappings et osé remettre une liste des commanditaires aux chefs de l’Exécutif. Une liste qui s’est, visiblement, perdue dans les méandres de la haute politique. Le fait que les familles des victimes se murent dans le silence et préfèrent payer de lourdes rançons, n’arrange pas les choses.
L’administration Rajoelina fait de la lutte contre l’insécurité sa priorité. En matière de grand banditisme, s’attaquer à la source du problème pourrait être la solution. Cela démontrera, aussi, que la volonté politique martelée, s’accompagne de courage politique. Il faudra couper la tête de la bête. Sans quoi, le risque d’un retour de flamme ne pourrait pas être écarté. Les opérations sur terrain devraient donc, être accompagnées de mesures politiques sévères contre les réseaux de « bandits en col blanc ».