Parti d’opposition - Le TIM s’érige officiellement en contre-pouvoir
Le Tiako i Madagasikara a officiellement déclaré et acté son positionnement comme parti d’opposition. Un statut à qui la loi attribue le rôle de contre-pouvoir, de contrôle du régime et de force de proposition pour présenter des alternatives.
À Madagascar, il est possible et même légal de ne pas être d’accord avec le pouvoir, de le critiquer et de faire des contre-propositions dans la gestion des affaires du pays sans être inquiété.
Ce sont, entre autres, les prérogatives que la loi sur le statut de l’opposition attribue aux partis de l’opposition légalement constitués et plus particulièrement au chef de l’opposition qui dispose même d’un statut particulier au sein de l’Assemblée nationale. Hier, conformément à la procédure prévue par cette loi, le parti Tiako i Madagascar a décidé de déclarer officiellement son positionnement comme parti d’opposition à Madagascar.
Olga Ramalason, secrétaire général du parti, est venue personnellement s’acquitter des formalités nécessaires au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation dont le dépôt d’une déclaration officielle, dument signée par le président national Marc Ravalomanana.
«Pour l’instant, il n‘est pas encore question de discuter qui sera le chef de l’opposition. Il faut encore attendre que les députés aient officiellement pris leur fonction mais surtout que le TIM devra également attendre quels autres partis rejoindront le camp de l’opposition », déclare Olga Ramalason, secrétaire général du TIM, lors d’une interview donnée à l’issue du dépôt de la déclaration à Anosy.
Mais déjà en se positionnant ainsi comme opposant officiel, le TIM vient de révolutionner les pratiques politiques à Madagascar. C’est la première fois qu’un parti s’est ainsi déclaré officiellement comme étant opposant à un régime.
Durant le régime Rajaonarimampianina, par exemple, la place du chef de l’opposition est restée vacante tout au long de la législature, faute de prétendant officiel. C’est aussi à cause de la réticence des dirigeants qui ont rechigné à donner une tribune de choix à une personne qui sera autorisée à les critiquer en toute légalité. Il faut dire que l’image de l’opposition a toujours été associée à la déstabilisation, aux grèves et manifestations de rue, aux critiques haineux et même aux tentatives de coup d’État.
Hier, Olga Ramalason a expliqué que le TIM veut justement rompre avec ces pratiques basées sur la haine et l’antipathie qui contribuent à forger ces images négatives de l’opposition à Madagascar. Le parti se veut être une opposition digne et constructive avec, sans doute, un rôle de contre-pouvoir mais surtout de miroir pour le régime en place.
D’ailleurs, le parti a également présenté son projet de société, basé sur celui que Marc Ravalomanana, son président, avait proposé aux électeurs durant les élections présidentielles. Un projet qu’une grande partie de la population a déjà approuvé. «Dans une vraie démocratie, il faut une vraie opposition », soutient Olga Ramalasona.
C’est le régime de Transition de Rajoelina qui avait décidé de donner une place et un rôle particulier et bien défini à l’opposition. Une loi portant sur le statut de l’opposition et des partis de l’opposition a ainsi été adoptée par le parlement de Transition de l’époque.
Le chef de l’opposition, par exemple, dispose d’un cabinet avec un directeur de cabinet, des conseillers et un secrétaire particulier, le tout à la charge du budget de l’État. Le chef de l’opposition est désigné d’un commun accord par les partis qui se déclarent comme opposition après chaque élection législative. S’il n’y a pas d’accord, le chef de parti ayant remporté le plus grand nombre de sièges est considéré comme chef de l’opposition et bénéficie d’office du statut de député.