Recherche scientifique : l’ACE appelle à être écouté et soutenu, pour le développement du pays

Redéfinir l’écosystème scientifique malgache

Sous le thème « Redéfinir l’écosystème scientifique à Madagascar : les chercheurs et leur rôle dans le processus de développement », la rencontre, initiée par l’ACE, a réuni des enseignants-chercheurs venus de divers horizons. Selon la Docteure Baohanta Rondro, présidente de l’association, l’ACE s’est donné pour vision de devenir une source de savoir, de savoir-faire et de savoir-vivre, afin de faire de la recherche un véritable moteur de progrès. L’écosystème scientifique, a-t-elle expliqué, ne se limite pas aux chercheurs eux-mêmes, mais inclut aussi les conditions dans lesquelles ils exercent, notamment le financement, le cadre de travail et l’écoute qui leur est accordée. L’atelier technique tenu à cette occasion visait à définir les normes et standards permettant de consolider la profession de chercheur et de renforcer son rôle dans la société.

Les travaux ont également permis d’aborder le renforcement des capacités des chercheurs et la collaboration entre l’ACE et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. L’association prévoit d’élaborer un document technique rassemblant les propositions issues du milieu de la recherche. Ce document, qui sera transmis aux décideurs, ambitionne de placer la science au cœur des politiques publiques et de garantir que les décisions nationales reposent sur des bases scientifiques solides.

Un secteur sous-financé

Malgré son importance stratégique, le secteur de la recherche à Madagascar fait face à de nombreuses difficultés, notamment le manque de financement. « Le budget que l’État consacre à la recherche et à l’enseignement supérieur est extrêmement faible », a déploré la Docteure Baohanta Rondro. Elle a rappelé que seulement 0,01 % du budget national est actuellement alloué à la recherche, bien loin des 1 % recommandés au niveau international, et encore plus des 5 % consacrés par certains pays. Pour la présidente de l’ACE, il est impératif d’investir davantage dans ce secteur. « Si les chercheurs sont considérés comme le socle de la connaissance dans le pays, il est nécessaire de leur accorder plus de moyens pour approfondir leurs travaux, afin que les décisions nationales s’appuient sur des données scientifiques », a-t-elle affirmé.

Réconcilier science et décision publique

Un autre défi majeur demeure la fracture entre le monde scientifique et les sphères décisionnelles.
Selon la Docteure Baohanta Rondro, « les dirigeants prennent souvent des décisions sans consulter les chercheurs. Et inversement, les résultats de la recherche ne parviennent pas toujours à ceux qui devraient les utiliser ». Or, rappelle-t-elle, « il ne revient pas aux chercheurs de mettre en œuvre leurs résultats, mais bien aux décideurs ». Cette absence de dialogue, estime-t-elle, freine considérablement le développement du pays. D’où son appel solennel lancé à l’ensemble des acteurs nationaux : « Soutenez la recherche, écoutez la voix des chercheurs, qu’il s’agisse de questions sociales, économiques ou humaines, car c’est de nous que vient la connaissance. Si les décisions ne reposent pas sur le savoir, elles ne sont que des expérimentations hasardeuses. »

À travers cette journée de réflexion, les chercheurs de Madagascar réaffirment leur volonté d’être acteurs du changement et non de simples observateurs. Ils plaident pour un soutien concret à la recherche et une meilleure intégration de la science dans les politiques publiques, convaincus que le développement durable du pays ne peut se construire que sur la base du savoir et de l’innovation.